Alors que la polémique sur la cause réelle de la mort du tout premier gouverneur du Haut-Katanga n’a pas encore été élucidée, les disciples de feu Jean-Claude Kazembe Musonda ont trouvé une occasion de se régler les comptes en public au lieu des obsèques au mépris de toute la bienséance voulue en pareille circonstance. Jacques Kyabula Katwe, actuel gouverneur du Haut-Katanga et ancien directeur de cabinet de JC Kazembe et Justin Kiela Ngoie, ancien ministre près et ministre de la santé se sont tiré à boulets rouges.
Décédé le 30 juillet 2021 dernier, l’ancien et tout premier gouverneur du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe Musonda a été inhumé le 7 août 2021 dans son village natal de Kasenga à 220 Kms de Lubumbashi. Au lendemain de sa mise en terre, une cérémonie funéraire a été organisée en son honneur sur l’esplanade du Bâtiment du 30 juin pour lui rendre les derniers hommages mérités.
Autorités politico-administratives, députés et sénateurs, plusieurs personnalités venues de différents horizons ainsi de milliers de lushois ont pris part à cette cérémonie précédant les funérailles. A cette occasion, plusieurs personnalités se sont succédées sur le podium pour faire une allocution en terme de témoignage ou d’hommage à l’endroit de l’illustre disparu. Cependant, 2 des ‘’disciples’ du disparu, parmi les figures de proue de l’administration Kazembe ont péché en jetant l’infamie sur la mémoire de leur maître par un écart de langage qui s’éloigne de la circonstance. Il s’agit de Me Justin Kiela Ngoie, ancien ministre-près le gouverneur, puis ministre provincial de la Santé et Droits Humains dans le même gouvernement et Jacques Kyabula Katwe, actuel gouverneur du Haut-Katanga et directeur de cabinet d’alors de Kazembe Musonda.
Justin Kiela a plaidé pour l’achèvement des œuvres de Kazembe
On dirait un feu qui couvait sous la cendre, la prise de parole aux obsèques du ‘’maître’’, a donné l’occasion à certains de ses disciples à se tirer à boulets rouges. On dirait que la lutte de leadership pour le contrôle du Haut-Katanga a commencé.
Le premier à monter aux créneaux, Justin Kiela Ngoie a rappelle l’arrêté 008/022/016 du 17 mai 2016 nommant les membres du gouvernement Kazembe où lui-même était ministre-près. Là il ne cite pas Jacques Kyabula qui n’était que dans l’ombre. Par une approche comparative, certainement à d’autres administrations provinciales qui se sont succédé après celle de Kazembe, Justin Kiela, sans aller par le dos de la cuillère, lâche : « Nous avons travaillé d’arrache-pied. En 8 mois nous avons donné les résultats à la toute première province du Haut-Katanga. Nous avons été le gouvernement, en peu de temps, qui a donné des résultats par rapport au découpage. Le gouverneur Kazembe en a été le pionnier (…) Je vous épargne de tout ce qui a été dit ici parce que tout cela a été ses œuvres ». Silence totale dans l’assistance.
Me Justin Kiela a rappelé la dernière conversation qui l’a eu par texto avec l’honorable Kazembe qui l’avait félicité pour sa nomination comme PCA (A la CEEC, Ndlr). Selon laquelle, l’honorable Kazembe lui a dit : « Le destin ne se force pas. Le destin est écrit entre les étoiles ». Les avertis ont vite compris le message quand on sait que Justin Kiela était parmi les prétendants au poste de gouverneur de cette province. Il fait souvenance que leur gouvernement était constitué de gens sans peur (…) quand on a à dire, on ne le dit pas en dessous de la table et on l’affronte. « Pour le salut de cette province, on ne la laissera pas dans la boue », a déclaré Me Justin Kiela. Là où le bât blesse, peut-être, c’est lorsqu’avant de chuter, ce natif de Kipushi, droit dans ses bottes, a fait un plaidoyer en des termes rudes pour le parachèvement des œuvres commencées par Kazembe Musonda dont leur état actuel est une honte. Parmi les ouvrages, il a cité la gare routière et le site Lumumba restés inachevés après la succession de deux gouvernements provinciaux (il s’agit respectivement du gouvernement Pande Kapopo, ancien ministre préséant du gouvernement Kazembe et l’actuel dirigé par l’ancien Dircab de Kazembe, Ndlr). Cette interpellation, à estime Me Justin Kiela Ngoie « suffira pour dire merci à Jean-Claude Kazembe Musonda ». Dans le camp du maître de lieu, ça sent le réquisitoire. La réaction n’a pas tardé.
La brève réplique de Jacques Kyabula
Comme la réponse du berger à la bergère, se sentant concerné au plus haut point, Jacques Kyabula, n’a pas tardé à réagir. Sans cache- nez, sans lunettes, visage visiblement crispé, il a réuni le courage d’un chef pour une réplique brève et non lue avant d’aller à l’essentiel. « En pareille circonstance, la sagesse et la maturité nous exige d’honorer la mémoire du défunt, celui qui nous a façonné et non de tenir un discours politique dans le seul but d’effacer l’histoire. Car il n’est pas aisé d’essuyer le passé par un simple discours politique dans un lieu de deuil comme c’est le cas ». Quelques applaudissements sélectifs ont été entendus ci et là dans la masse. Une riposte courte, peu émotive mais qui dit tout sans que l’opinion ne sache pas le réel problème entre les deux jeunes politiciens haut-katangais. Certes on n’en saura. Il suffit de remonter l’époque où les deux étaient sous la coupole du De Cujus.
Bref, c’est au lieu de larmes et de tristesse que la bataille de leadership s’est invitée d’une manière incongrue entre deux anciens collaborateurs de Jean-Claude Kazembe Musonda. Mettant au grand jour un conflit latent.
L’œil du Jaguar