Les faits se sont déroulés comme dans un film de western au Hollywood, à en croire plusieurs sources crédibles. Un régiment de la police sous la conduite du Ministre provincial de l’Intérieur et Sécurité, Eric MUTA a débarqué à Sakania et a pris la direction du village Mupala situé à 150 Km, secteur des Balala, une région que la nature a nantie abondamment en or.
La mission était double : arrêter et amener manu militari, le Chef de Groupement Kisenga MAKOLEKA Schadrack et introniser par la force un autre, Musonda MFUMU Joseph préféré par les autorités provinciales. Profanation des attributs du pouvoir coutumier, actes de vandalisme, tortures et effusion de sang s’en sont mêlés.
Le territoire de Sakania a été le théâtre d’une grave atrocité politico-policière entre le 7 et le 9 septembre 2022 avec l’arrestation illégale du Chef de Groupement Mupala IX. Un éventuel conflit coutumier aurait existé entre deux prétendants au trône du Groupement de Mupala.
Le premier, Kisenga MAKOLEKA Schadrack, Chef légitime et intronisé selon les rituels coutumiers Balala depuis 11 ans en remplacement de son feu père décédé en 2011. Il jouit toujours de l’impérium de sa population qui l’aime. La démonstration a été faite le jour de son humiliation.
Le second, qui serait son cousin lointain dans la descendance, Musonda MFUMU Joseph, venait de se faire ‘’élire’’ sous l’instigation des autorités politico-administratives du Haut-Katanga à la grande surprise tant des donneurs du pouvoir coutumier que des habitants de la circonscription. Car, cela est contraire à la tradition ainsi qu’aux us et coutumes. C’est là la paume de discorde. Malheureusement les autorités ont pris position du côté de celui que la population considère comme usurpateur.
C’est ce que l’on peut lire dans le communiqué de l’Association socio-culturelle des BENA LUBEMBE (ABALU) par la signature de son Président National, l’Honorable Serge KONDE CHEMBO. Par des termes clairs, l’ABELU dénonce énergiquement ce sacrilège et profanation des traditions tout en citant nommément les auteurs de ce coup de mauvais goût. Notamment le Vice-gouverneur Jean-Claude Kamfwa Kimimba, le ministre provincial de l’Intérieur et Sécurité ainsi que l’Administrateur de Territoire intérimaire de Sakania, Assani Djuma.
Allons-y aux faits :
Selon plusieurs témoignages, tout a commencé le mercredi, 7 septembre 2022 quand l’Administrateur intérimaire du Territoire de Sakania, M. Assani Djuma a dépêché à 19h30’ au village Mupala une colonne des policiers et militaires armés jusqu’aux dents comme au front pour cueillir le chef de Groupement Mupala, Kisenga MAKOLEKA Schadrack sans aucune procédure administrative. L’astuce utilisée : lui demander d’aller à Sakania pour une quelconque discussion à l’amiable pour le partage de pouvoir.
En réalité, il s’agissait de l’éloigner de force pour le faire remplacer par un autre, Musonda MFUMU qui se dit être aussi de la lignée. Le Chef dans la tradition du coin, ne sort pas de ‘’Kipango’’ (le palais royal) la nuit. Le lendemain, l’expédition punitive arrive. Cette fois-là, on utilise la force malgré la résistance de la paisible population sans arme. Des coups de feu retentissent pour dissuader les résistants. On signale pendant les faits la présence du patron provincial de l’Intérieur et Sécurité et de l’AT intérimaire.
Les dégâts causés sont énormes : le palais du chef vandalisé et ses attributs du pouvoir désacralisés, le chasse-mouche brûlé, le spectre cassé, etc. la débandade était générale et c’était le sauve-qui-peut. Quelques cas des blessés sont aussi signalés dans la foulée et un autre neveu du chef, ‘’RODO’’ verra le para prise de sa jeep cassée, les pneus crevés et des biens qui s’y trouvés emportés par les hommes en uniforme.
Manu militari, le Chef de Groupement menotté est jeté dans la Jeep de la police comme un colis vulgaire ainsi que son neveu, KAHITE. Direction, Kipushi à 30 km. Il y a passé nuit dans des conditions incorrectes sous l’assistance de sa femme.
Le Vice-gouverneur, Jean-Claude KAMFWA KIMIMBA, lui-même ressortissant du terroir avait choisi de se disculper en allant dans d’autres villages distribuant des biens au nom de sa fondation. Pourtant arrivé pour la même mission que son collaborateur le ministre.
Vendredi 9 septembre, alors que la délégation de la société civile forces vives voulait s’enquérir de la situation auprès des autorités provinciales qui logeaient dans un hôtel de Sakania, son président, le camarade Edgar KALOTA se verra arrêté aussi.
Samedi, le trio des malheureux arrêtés sont acheminés à Lubumbashi au cachot du ministère de l’Intérieur. L’information a été gardée top secrète jusqu’à la libération de deux autres infortunés. Seul le Chef Mupala est encore gardé. De source rassurante, ses bourreaux lui exigeraient de faire un démenti quant à la brimade et autres mauvais traitement avant d’être relâché. L’homme demeure serein et ne voudrait ni trahir ses convictions, ni déformer la vérité.
Les dessous de carte
Comme dit en sus, cette région de la botte du Congo est riche en gisement aurifère. L’exploitation de cette richesse naturelle épuisable passe par le contrôle du pouvoir coutumier du trône régnant. Les hommes politiques se battent pour non seulement avoir la mainmise sur ce pouvoir traditionnel, mais aussi pour s’approprier des concessions à vile prix et des endroits préférentiels. Le Chef légitime sait comprendre ces enjeux de taille et choisit de protéger parcimonieusement ce patrimoine ancestral pour l’intérêt général. Voilà qu’il devient gênant et un obstacle pour les rapaces. Il se serait opposé à certaines sollicitations dévalorisantes de la part de certains tenanciers du pouvoir en province. C’est en fait le fond du problème.
A en croire certaines sources, le détracteur du Chef Mupala serait son cousin lointain dans leur descendance et n’a pas droit au trône. Quand bien même il aurait droit, faudra-t-il alors qu’il attende la fin du règne de celui qui trône pour être désigné et investi selon les rituels connus. Le pouvoir politico-administratif ne vient qu’entériner ce qui a été fait selon la tradition.
A présent, la majorité de la population a déjà vidé le village. Car, les esprits ou forces mystiques [Mipashi, en dialecte local, Ndlr] ont déjà commencé à déranger. Les autorités en province multiplient des réunions de sécurité. Peut-être c’est pour rectifier le tir. Toutes nos tentatives de rencontrer les intéressés cités dans ce dossier afin d’avoir leur version de faits, se sont révélées vaines jusqu’à la dernière minute de cette rédaction. Affaire à suivre !
G. Wakunonda