Du 02 au 03 avril 2024, les scientifiques et les autorités politico-militaires se sont réunis dans la mythique salle Mgr Tshibangu Tshishiku de l’Université de Lubumbashi pour réfléchir autour du thème : « Défense, sécurité et développement : occurrence du Grand Katanga. » Cette première rencontre de l’année 2024 à l’UNILU, organisée conjointement entre cette Alma Mater et la 22ème Région militaire, que dirige le Gnd Eddy Kapend Irung, s’est tenue dans un contexte de guerre à l’Est de la République Démocratique sous l’agression du groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda et l’Alliance du Fleuve Congo cher à Corneille Nangaa notamment. Ci-dessous l’économie de cette messe scientifique.
Le Grand Katanga est le pourvoyeur de plus de la moitié de l’économie de la République Démocratique du Congo, mais également le foyer des tensions intercommunautaires à récurrence. La rencontre de ce début du mois d’avril entre le monde scientifique jouant l’interface et les services de sécurité, marque un tournant décisif dans la sécurisation et le développement de la sous-région mais également de tout le pays.
Des autorités militaires, policières, politico-administratives, consulaires, coutumières, académiques et scientifiques venues de divers horizons se sont réunies pour trouver des solutions autour de trois sphères -clés : la défense, la sécurité et le développement.
Ces réflexions, bien que concentrées sur le Grand Katanga font partie d’un tout qu’est la RDC, devront servir de soubassement pour le décollage de l’ensemble du pays. C’est d’ailleurs l’appel lancé par le Recteur de l’Université de Lubumbashi, le Pr ordinaire Gilbert Kishiba Fitula qui, dans son mot d’ouverture, a souligné combien la RDC, une fois sécurisée, attirera le monde entier en termes d’investissement : « L’histoire de la RDC demande à chacun d’entre nous un apport selon sa provenance, son parcours académique, scientifique, familial, culturel, anthropologique. C’est cette histoire qui nous lie ensemble aujourd’hui en consortium au sujet de la thématique du jour (…). Autrement dire, le développement suppose un véhicule de l’ordre de la défense et de la sécurité », a-t-il souligné.
De son côté, le Commandant de la 22ème Région militaire, le général de brigade Eddy Kapend Irung, a dans sa leçon inaugurale, appelé les bénéficiaires de la paix à bannir toute forme de violence, à refuser la trahison : « sans défense, il n’y a pas de sécurité. Et sans sécurité, il n’y aura jamais de développement », a-t-il indiqué devant des invités de marque, notamment le gouverneur du Haut-Katanga Jacques Kyabula Katwe.
Causes du déficit sécuritaire et de la défense
La réflexion de ce symposium a tourné autour de six axes importants, à savoir : gouvernance sécuritaire, économique, alimentaire, sanitaire, environnementale ainsi que le développement et la participation citoyenne. Pour le Pr Kambayi Bwatshia, des handicaps, des pesanteurs et des forces du mal pèsent sur le pays. Il faudra donc, selon lui, que les pouvoirs publics, en tant qu’acteurs du développement, orientent leurs démarches stratégiques. Il faudra réfléchir en termes des perspectives anticipatives vers la prévention des conflits en déployant par exemple des activités de développement sur le terrain, a complété le professeur Ditend Grevisse.
Le Professeur Ildephonse Tshinyama Kadima, expert en criminologie, a pour sa part, insisté sur l’attention à accorder sur les réformes dans le pays. Car, certaines d’entre elles peuvent complètement désarticuler le système de défense et de sécurité, a-t-il dit. Selon lui, plusieurs réflexions allant dans ce sens montrent que parfois les politiques sont à la base de l’affaiblissement du système sécuritaire et de défense, par conséquent ils ne permettent pas le développement au Grand Katanga et dans l’ensemble du pays. De leur part, les professeurs Léon-Michel Ilunga Kongolo et Michel Kasombo ont laissé entendre que les discours politiques ont des incidences non négligeables sur les questions de défense, de sécurité et de développement. Pour eux, les acteurs politiques doivent se faire entourer des experts en communication politique avant toute prise de parole en public.
Pour arriver à développer le Grand Katanga et l’ensemble de la République Démocratique du Congo, à renforcer son système de défense et de sécurité, plusieurs préalables ont été proposés en termes d’actions à mener. Parmi ces préalables, il y a entre autres l’amélioration des conditions de vie des militaires, la multiplication et l’intensification des cadres de formation professionnelle, la mise en place d’une politique d’éducation familiale, l’organisation des colloques pour sensibiliser et éduquer les populations, la sécurisation de ceux qui dénoncent les traîtres, la formation des chefs de quartiers sur les techniques de base de la sécurité, la promotion des énergies renouvelables, la concrétisation du plan national de développement.
A cela, il faut aussi penser à rendre l’armée et la police productrices des richesses en temps de paix comme en temps de guerre, la création d’un observatoire de sécurité, la promotion et la consolidation du pouvoir coutumier, le renforcement de la communication entre l’armée et la police.
Somme toute, pour que toutes ces résolutions ne soient effectives, il faille que les pouvoirs publics puissent mettre la main à la pâte en promouvant les actions de développement, en l’occurrence dans le Grand Katanga.
Récit de Levi Kilungulungu