L’inauguration du Centre Orthopédique de Lubumbashi par le président Félix Tshisekedi, sur la route de Kasenga, a été saluée comme une avancée majeure en matière de santé. Mais derrière les discours officiels et les caméras, une controverse enfle sur la véritable paternité de ce projet emblématique.
Ce centre ultramoderne, présenté comme le plus grand d’Afrique centrale, est estimé à 35 millions de dollars. S’il est aujourd’hui une réalité, nombreux sont ceux qui rappellent qu’il est avant tout l’œuvre d’une dame, en la personne de l’intrépide et perspicace Agnès Mwad Katang, ancienne directrice générale de la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale). Visionnaire, elle avait lancé l’idée dès 2015, en collaboration avec le professeur Kalumba, à la suite d’une formation à l’étranger. Un bureau provisoire fut ouvert à cet effet sur le boulevard de la Révolution et la première pierre posée à Kashamata, sur un terrain appartenant toujours à l’INSS (Institut Nationale de Sécurité Sociale, ancêtre de l’actuelle CNSS).
Plus tard, le projet fut déplacé sur la route Kasenga à Kasangiri, aux côtés du futur stade TP Mazembe, pour en faire un pôle d’excellence. Il sied de noter que sous la direction de Mme Agnès Mwad, 70 % des travaux étaient réalisés et payés [équipements inclus, selon le discours prononcé le jour de la pose de la première pierre]. Son successeur intérimaire, Nfuti Kiaku, a poursuivi en réalisant à son tour 15 %, avant que l’actuel DG de la CNSS, autrefois son adjoint, finalise les 15 % restants.
Ce projet a donc traversé plusieurs mandats et directions, preuve d’une continuité institutionnelle saluée par le chef de l’État. Toutefois, l’absence du nom d’Agnès Mwad Katang dans les remerciements officiels suscite l’indignation. Des voix s’élèvent pour dénoncer une forme d’effacement politique. « On ne réécrit pas l’histoire à coups de ciseaux politiques », déclare un syndicaliste de la CNSS. « Ignorer Mme Agnès Mwad, c’est nier l’excellence de son leadership féminin très marquant. », a-t-il ajouté.
Certaines personnes estiment même que le centre aurait dû porter son nom, en hommage à son engagement pour la modernisation de la CNSS et à son exemple de leadership féminin. Comme on le fait ailleurs, des auditoires, des avenues ou d’autres œuvres sont baptisés au nom de leurs initiateurs ou premier occupant/utilisateur.
Alors que les habitants de Lubumbashi se réjouissent de l’ouverture de ce centre révolutionnaire, la controverse rappelle une vérité simple : rendre à chacun le mérite qui lui revient est aussi un acte de justice dans un pays qui se dit ‘’Etat de droit’’.
Kachina Mwito