Dans une sortie fracassante, le gouverneur militaire de l’Ituri, le général Johnny Luboya Nkashama, a dénoncé une série de magouilles qui minent le moral et la vie de ses troupes au front. En sa double casquette de gouverneur et chef des opérations militaires dans cette partie du Nord-Est de la RDC, il s’est adressé courageusement à la hiérarchie militaire basée à Kinshasa en accusant certains officiers supérieurs de détournements massifs de fonds destinés aux soldats et aux veuves de militaires.
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, grogne-t-il, les militaires engagés au front contre la Convention Révolutionnaire Populaire de Thomas Lubanga, sont souvent impayés, au point de ne pouvoir se nourrir que 15 jours sur 30. Ces conditions indignes, souligne-t-il avec déception, affaiblissent considérablement les capacités opérationnelles de l’armée sur le terrain. Voilà qui entraîne des pertes humaines considérables.
Ce haut officier des FARDCL déplore avec amertume au cœur le détournement massif des fonds réservés aux veuves de soldats tombés au combat. Ces femmes, laissées pour compte et sans soutien, ont même menacé de manifester nues dans les rues de Bunia. Un acte désespéré qui illustre l’ampleur de la négligence et de l’injustice qu’elles subissent.
Plus grave encore, le gouverneur affirme que ses rapports envoyés depuis plusieurs mois à Kinshasa sur la baisse inquiétante des effectifs et le découragement des troupes restent sans réponse. Une inertie qu’il attribue à une complicité ou à une indifférence coupable au sommet. En son temps, un rapport direct avait déjà au chef de l’Etat et commandant suprême des FARDC lors de son passage dans cette partie du territoire national, souligne-t-il avec véhémence.
Face à cette situation alarmante, il appelle à une intervention urgente de la justice militaire. Les officiers responsables de ces détournements doivent être identifiés, arrêtés et traduits en justice. Il en va de la crédibilité de l’armée, du respect des morts, et de la survie même de la province d’Ituri face à la rébellion.
Ce cri de chœur du gouverneur militaire laisse entrevoir le laxisme qu’il y a au niveau de Kinshasa. Sa crainte, en faisant ce ras-le-bol, pourtant inhabituel, Johnny Luboya tient à faire le Ponce Pilate. « Quand ça ne marche pas, on pense souvent que c’est moi l’auteur », a-t-il décliné la responsabilité.
Jusque-là, Kinshasa n’a pas encore réagi. Va-t-il être rappelé pour avoir mis à nu les causes de la faible de notre armée ou le gouvernement de la République trouvera une solution en urgence ?
Affaire à suivre !
Betunga Nkeka