Kinshasa – Dans une République Démocratique du Congo qui se targue d’être un État de droit, une République démocratique, la réalité sur le terrain révèle un tout autre visage : celui d’un glissement inquiétant vers une dictature assumée. La décision choquante du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), dirigé par le ‘’célèbre’’ Christian Bosembe, d’interdire aux médias toute diffusion des activités de l’ancien président Joseph Kabila Kabangeet du PPRDne relève ni de la loi, ni de l’éthique, mais bien d’un abus de pouvoir flagrant à environ 3 ans de fin mandat du 2ème mandat de Félix Tshisekedi, fils du combattant de la liberté et de la démocratie.
Une violation frontale de la Constitution
Cette décision constitue une atteinte grave à l’article 24 de la Constitution, lequel garantit à chaque Congolais le droit à l’information et la liberté de la presse. En censurant toute information liée à un ancien président légalement reconnu, le CSAC renforce une dynamique liberticide digne d’un régime autoritaire. « Toute personne a droit à l’information. La liberté de presse, la liberté d’information et d’émission par la radio, la télévision, la presse écrite ou par tout autre moyen de communication sont garanties, sous réserve du respect de la loi. » — Article 24 de la Constitution
Il ne s’agit plus ici d’un simple excès de zèle, mais d’un acte de terreur politique, orchestré avec la complicité silencieuse — et donc coupable — d’institutions supposées protéger la liberté d’expression.
Christian Bosembe, chef d’orchestre de la censure
Depuis sa prise de fonction à la tête du CSAC, Christian Bosembe s’est illustré non pas comme un gardien de l’éthique médiatique, mais comme un instrument docile de la répression politique. Sous son mandat, l’organe de régulation s’est transformé en bras armé du pouvoir pour faire taire les voix gênantes, réduire l’espace démocratique et imposer une vision unique de la réalité congolaise.
Le silence coupable de l’UNPC et de Kamanda wa Kamanda
Plus choquant encore est le silence assourdissant de l’UNPC (Union nationale de la presse du Congo). Son président, Gérard Kamanda wa Kamanda, observe sans mot dire cette dérive. Aucune prise de position, aucune défense des journalistes. L’organisation censée représenter la presse libre semble se satisfaire de sa domestication, abandonnant les journalistes congolais à la merci d’un pouvoir de plus en plus hostile.
Patrick Muyaya, ministre ou censeur en chef ?
Du côté du ministère de la Communication, le mutisme n’est pas moins complice. Patrick Muyaya Kasendwe, pourtant ancien journaliste, est devenu l’incarnation parfaite d’une intolérance politique déguisée en gestion de l’information. Chaque mot, chaque discours, chaque mesure issue de son ministère respire la peur du débat contradictoire. Il devient urgent de rappeler à ce ministre qu’un gouvernement démocratiquen’a pas à craindre la liberté d’expression.
Félix Tshisekedi : de symbole de liberté à complice de la répression
Le silence du président Félix Tshisekedi dans cette affaire est aussi inacceptable qu’incompréhensible. Fils d’un illustre opposant et bénéficiaire direct de la lutte pour la liberté de la presse et la démocratie, il devient aujourd’hui le complice tacite d’un système qui bafoue ces mêmes valeurs. L’histoire jugera sévèrement cette trahison politique.
Et Goma ? Et Bukavu ? Sont-ils encore en RDC ?
En interdisant la couverture des activités de Joseph Kabila à Goma, le CSAC acte implicitement la balkanisation médiatique d’une partie du territoire national. Goma, Bukavu, Rutshuru, Sake, Masisi, Walikale, et toutes les zones sous contrôle des rebelles de l’AFC/M23 depuis juin 2022 ne semblent plus faire partie du débat national, à en croire la position de Christian Bosembe. Mais les Congolais qui y vivent ont droit à l’information, comme tout autre citoyen. Ils ont le droit de savoir, de comprendre, d’agir. C’est un principe fondamental, non négociable. La preuve contradictoire est l’organisation de la session des épreuves d’Etat.
La presse ne se taira pas
Qu’adviendra-t-il des médias internationaux — RFI, Radio Okapi, France 24, TV5 Monde, CCTV, VOA, Africa News, s’ils couvrent les activités de Joseph Kabila ou du PPRD ? Seront-ils aussi interdits ? La RDC est-elle prête à assumer une rupture totale avec les principes universels de la liberté de la presse ? Les réponses de Christian Bosembe sont attendues.
Non, la presse ne doit pas se taire. Les médias véritablement libres continueront de faire leur travail, malgré les menaces, malgré les intimidations. Parce que la démocratie ne peut pas survivre dans le silence
Le peuple congolais ne demande pas la censure. Il demande de la nourriture, des soins, de la sécurité, de l’emploi, de l’éducation. Il demande que son quotidien s’améliore. Le reste n’est que distraction politique, et les distractions ne nourrissent pas un peuple.
Le CSAC, l’UNPC, le ministère de la Communication, et le président Tshisekedi doivent choisir leur camp : la démocratie ou la dictature. L’histoire a déjà commencé à écrire leurs noms dans ses pages.
L’œil du Jaguar