Lors de son dernier séjour katangais du 12 au 13 mai 2021 dernier, le président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, malgré l’accueil enthousiaste, son adresse a été peu circonspecte sur la place Moïse Tshombe. Un discours mal perçu par beaucoup de compatriotes katangais continue à alimenter la chronique.
Le premier citoyen congolais a séjourné sur le sol katangais du 13 au 14 mai 2021 dernier en visitant les villes de Lubumbashi dans le Haut-Katanga et de Kolwezi dans le Lualaba. Dans la capitale du cuivre comme dans celle du cobalt, des foules nombreuses ont été mobilisées par les autorités locales depuis la matinée pour le besoin de la cause. Il s’agit, à entendre certains milieux un test de popularité pour rivaliser avec son ancien allié, Joseph Kabila. Dans les deux villes, l’avion amenant le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a atterri qu’en soirée. Cette façon de faire n’a pas permis au chef de l’Etat d’abattre un grand travail faute de temps matériel nécessaire. On dirait une simple villégiature, car aucune audience n’a été accordée aux forces vives.
A part les deux meetings tenus à la place Moiise TSHOMBE à Lubumbashi et au rond-point Mwangeji à Kolwezi, Félix Tshisekedi a trouvé mieux de prendre son temps à ‘’honorer’’ son allié de circonstance, Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA.
Dans sa suite, on pouvait voir certaines personnalités, entre autres le premier ministre, Jean-Michel SAMA LUKONDE, arrivée peu avant, le Directeur de cabinet du président de la République, Ghislain NYEMBO, dépêché un jour avant pour préparer cet accueil et le Gouverneur de la Banque Centrale, Déogratias MUTOMBO MWANA NYEMBO.
S’adressant partout à la foule en lingala, Félix Tshisekedi a eu un discours moins diplomate et plein de penchant qui a jeté de l’émoi et suscité de l’inquiétude parmi de nombreux katangais qui ont mal digéré ces propos. Ceci constitue un véritable raté d’une si belle occasion de s’attirer la sympathie d’une grande partie du peuple de ce coin, pensent plusieurs analystes. Moins conciliant, peu rassembleur, menaçant et défiant, pour ne pas dire outrageant, le chef de l’Etat n’a pas su faire la part entre s’adresser aux militants de son parti politique, l’UDPS qui ne s’est jamais dégarni de sa casquette d’opposant ; et donner un message à la population hétérogène comme chef de tous.
Si à l’UDPS, parti majoritairement composé des gens d’une même tendance linguistique que le Président de la République, son adresse a eu plus d’ovation ; c’est le contraire chez les autres congolais. Pour preuve, le tôlé continue à alimenter la chronique. Certains alliés katangais de Félix Tshisekedi en trouvent même une opportunité d’enfoncer le clou, soit en voulant justifier ou en affichant publiquement et impunément leur indécence. Un artiste engagé, actuellement en clandestinité n’a pas voulu garder sa langue dans la poche en sortant un chef d’œuvre pour décrier cette injustice sociale de la part du chef de l’Etat en taxant une partie des congolais de sorciers. L’artiste rappelle même que dans certains coins il eut des actes visiblement ignobles de cannibalisme et d’anthropophagie où les auteurs n’ont pas été traité de sorciers. Plusieurs notables katangais, du Nord comme du sud ont virulemment réagi contre ce qu’ils ont qualifié d’écart de langage.
Malgré les accolades artificieuses faites à Kyungu wa Kumwanza, son partenaire de circonstance dans le cadre de l’union sacrée, Félix Tshisekedi n’a fourni aucun effort pour exprimer sa reconnaissance et sa considération envers les leaders katangais. Aucun mot de remerciement, ne fut-ce que par semblant, à ses alliés comme Moïse Katumbi alors qu’il se trouvait dans son fief. Moins encore le Gouverneur de province, Jacques Kyabula Katwe, lui qui a mobilisé la masse pour la réussite de cet accueil n’a pas été dans l’attention de Félix Tshisekedi. A Kolwezi, aucune allusion faite sur la personne de Richard MUYEJ, malgré les réclamations faites par la foule pour savoir ‘’ où est leur Gouverneur adulé’’ ?
Le moins que l’on peut dire, c’est un hôte plein de lui-même qui parlait d’une manière abracadabrante. Mélangeant promesses, quolibets, accusations et provocations. Certes, on a senti dans ses dires une touche de ses alliés locaux.
En appelant les katangais à aimer les autres congolais, d’aucuns ne savent à quoi le chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi voulais faire allusion. Et d’ajouter à plusieurs reprises : « Félicitation pour votre résistance face aux sorciers » et « Qu’on ne vous trompe pas avec des discours de sorciers ». Nombreux sont les katangais qui ont mal digéré ce langage sentencieux de celui qui est censé être l’église au centre du village. N’est-ce pas une façon pour Félix Tshisekedi d’extérioriser son aversion envers les katangais et de la répandre dans les autres congolais contre les katangais, s’est interrogé, un compatriote qui a requis l’anonymat ? Que voulait-il insinuer en appelant les katangais à aimer les autres congolais et en les rappelant qu’ils sont aussi des congolais ? Pour les avertis, il est indiscutable que Félix-Antoine Tshisekedi est venu passer un message fort pour tourner en dérision les Katangais, en renforçant sa base sociologique et politique.
Cette façon de s’adresser à l’opinion par le président de la République, pensent moult observateurs, ne favorise pas la consolidation de la cohésion nationale. Espérons que le chef de l’Etat Félix Tshisekedi tiendra prochainement le même discours au Kongo central, bastion de Bundu Dia Mayala ou dans le Kasaï, fief de Kamwina Nsapu. On s’attendait voir le président de la République condamner publiquement les actes de vandalisme et autres dérapages souvent enregistrés de la part des militants de l’UDPS/Tshisekedi, son parti politique dans cette partie du Congo.
Félix Tshisekedi a promis de renforcer la paix au Katanga. Très louable. Mais de quelle paix parle-t-il, si l’on sait qu’il n’y a pas de guerre dans cet espace ? Tout ce que l’on déplore c’est la criminalité urbaine dont la cause n’est autre que les déplacements incontrôlés de compatriotes en provenance des provinces du centre du Congo suite à la misère exponentielle.
En outre, les katangais attendaient du premier citoyen la condamnation publique de la déstabilisation des institutions provinciales et l’assurance de sa part à soutenir concrètement le développement équilibré des provinces au prorata de leur apport au PIB/National. La rétrocession aux provinces de 40% de recettes à caractère national, la tribalisation de l’appareil judiciaire dans l’espace Katangais et la fermeture de l’espace démocratique sont autant de dossiers qui attendaient une solution de la part de Félix Tshisekedi. Mais ce dernier, on ne sait pas induit en erreur par qui, a trouvé mieux de chagriner et exaspérer ceux qui l’ont réservé un accueil digne d’honneur.
Jeef Mwingamb
