RDC/Révision de la constitution : Tshisekedi serait-il sur les traces de Mobutu ?

Depuis un certain temps, on parle de l’éventuelle révision de la Constitution en RDC. Comme il est de coutume, les politiques lancent des ballons d’essai pour préparer les esprits afin d’obtempérer la donne au moment M. Nombreux voient dans cette tentative du régime en place un schéma de vouloir s’éterniser au pouvoir et d’imposer la dictature. Alors qu’il n’y a aucune opportunité qui justifierait pareille entreprise.

Dans une large partie des membres de l’union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi), on estime qu’il y a lieu de revisiter la constitution de la République, on ne sait trop pourquoi ? Pourtant les mêmes partisans du parti de Limete s’y étaient farouchement opposés à l’époque du prédécesseur de Félix Tshisekedi au point de provoquer mort d’hommes. On se rappellera de ce jour où le palais du peuple avait failli être consumé quant à ce.

Lors d’une interview accordée à une chaîne française, le Président Félix Tshisekedi a carrément extériorisé ce qui se disait tout bas. Fatshi Béton comme l’adulent ses supporters pense que toutes les lenteurs institutionnelles que connait le pays s’expliquent par les contraintes imposées par la constitution du 18 février 2006. Le Président de la RDC fait allusion au retard qu’accuse le parlement congolais à mettre en place les bureaux définitifs de 2 chambres. Par conséquent, la composition du gouvernement Judith Suminwa qui tarde à venir à presque 2 mois après sa nomination comme première ministre le 1er avril 2024. Pour ce faire, il proposé la mise en place d’une commission interprofessionnelle pour réviser cette loi fondamentale.

Projet très mal accueilli dans la quasi-totalité du peuple congolais, aussi bien au pays que dans la diaspora. Scientifiques et acteurs politiques ne partagent pas du tout cette justification du chef de l’Etat qui prétend que : « C’est une constitution qui a été présentée aux Congolais après le moment des conflits». Il a poursuivi en disant : « Je crois qu’il y a un problème avec notre constitution. Il faudrait faire des réformes pour qu’on ne perde plus beaucoup de temps à constituer le gouvernement ».

Un des rédacteurs de la constitution de 2006, le professeur émérite Auguste Mampuya n’a pas attendu pour contredire le Chef de l’Etat. « Montrez-moi une seule disposition constitutionnelle qui bloquerait le président », a-t-il lancé le défi dans une émission de débat politique.

Selon ce scientifique, la constitution actuelle n’a pas été rédigée par des belligérants. Elle n’a pas été dictée depuis Kigali, et aucune de ses dispositions ne devrait entraver le bon fonctionnement des institutions, y compris le président, a-t-il ajouté par la même occasion.

Pour lui, l’impasse institutionnelle en République Démocratique du Congo tient aux questions cruciales sur la gouvernance du pays et la capacité du président Tshisekedi à surmonter ces obstacles. 

Pour cet autre acteur et analyste politique proche de Félix Tshisekedi qui a même participé à sa réélection, Alain Shekomba Daniel, les 2 visées de Félix Tshisekedi sont mises à nu. On peut lire sur son compte x du 10 mai 2024 repris par Electionet.com : « La modification de la constitution que propose le président Tshisekedi vise 2 choses :  enlever aux Congolais leur droit de se choisir un président aux suffrages universels directs et enfin faire sauter le verrou de limitation des mandats du président de la République, pour devenir Président à vie ».

Alain Shekomba trouve dans cette manœuvre : « une façon de légaliser la dictature et je ne comprends pas, comment certaines personnes qui se disent intelligentes peuvent défendre une démarche qui supprime le suffrage universel dans le choix du président de la République, dans un pays qui n’a connu que des hommes forts et non des institutions fortes depuis son indépendance ! »

Sans aller par le dos de la cuillère, il qualifie ce projet de modification de la constitution de ruse satanique qui consacrera la victoire de la corruption sur la démocratie. Car, ajoute-t-il : « il est plus facile de se fabriquer une majorité parlementaire inféodée au travers de la CENI par le moyen de la corruption, d’acheter la conscience de 251 personnes que de se soumettre à l’incertitude du vote du grand nombre »

Bref, a-t-il conclu, toutes les autres raisons évoquées constituent juste une usine à gaz ou un écran de fumée.

L’opposition katumbiste n’a pas voulu aussi garder sa langue dans la poche. Ensemble pour la République, principale formation politique de l’opposition qualifie la modification de la constitution  d’« une démarche qui relève de l’escroquerie ».

Pour le secrétaire général de ce parti, Dieudonné Bolengetenge, les velléités de changement de la constitution représentent non seulement une démarche naïve mais aussi relève de « l’escroquerie pure et simple d’un groupe des malfaiteurs qui veulent se distraire pendant qu’ils sont entrain de piller le pays ». Il l’a dit lors d’un échange avec les cadres de ce parti à Kinshasa le dimanche 12 mai 2024.

Dieudonné Bolengetenge de rappeler que : « A la base de cette constitution, il y a eu un pacte républicain laborieusement négocié. ».

Jean Claude Katende, président de l’Asadho a aussi réagi dans une tribune libre du 5 mai 2024 en rappelant au président Félix Tshisekedi que cette constitution est non seulement le résultat d’un processus long et douloureux qui a couté la vie à beaucoup de nos compatriotes par des guerres et des troubles socio-politiques ; mais aussi c’est la base de légitimité des institutions actuelles malgré la manière dont les élections se sont tenues en décembre 2023.

Ce défenseur des droits de l’homme promet à Félix Tshisekedi que toute tentative de modifier ou de réviser la constitution en touchant notamment au mode d’élection du président de la République, au nombre et à la durée des mandats présidentiels rencontrera la résistance comme ce fut le cas du temps de Joseph Kabila.

Comme bon nombre des Congolais, Katende est convaincu que Fatshi voudrait modifier la constitution dans l’intérêt de conserver le pouvoir et non pour le bien du pays. Il s’en prend à l’entourage du chef de l’Etat qui est constitué des flatteurs et traitres qui ne l’aident pas. Ce serait briser ce symbole de stabilité et plonger le pays dans l’inconnu   

Un condensé de G. Wakunonda

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