Bientôt la RDC va totaliser 65 ans de son accession à la souveraineté nationale et internationale. C’est dans un mois et demi. Sa situation n’a pas évolué au regard de ses potentialités. Outre le profil des dirigeants au sommet des institutions, il y a, sans se tromper, le système de gestion fortement centralisé qui sert de goulot d’étranglement pour son progrès socio-économique. Il faille oser avec un autre système, notamment le fédéralisme qui constitue une alternative sûre. La gouvernance concentrée à Kinshasa ne cache pas son inefficacité et ne stimule pas les entités provinciales à leur épanouissement, car trop prédatrice.
Dans un pays aussi immense que vaste, riche mais inégal, où plus de 450 ethnies cohabitent tant bien que mal, le centralisme a montré ses limites. Face à une élite accaparatrice et des provinces laissées pour compte, le fédéralisme suscite de plus en plus d’espoirs, mais aussi de craintes que l’on peut facilement juguler.
Il appartient aux Congolais de toutes les provinces de prendre le courage et d’oser prendre le destin en main que de laisser des gens situés à plusieurs kilomètres et ignorant les besoins et priorités à la base, décider sur l’arrière-pays. Ce qui donne le sentiment d’abandon dans nombre de provinces, où l’État est souvent absent, sauf pour taxer, nommer ses affidés et s’emparer des recettes.
Dans ce contexte, le ‘’fédéralisme’’ revient de plus en plus dans les débats. Il s’agit sans doute, une occasion de redonner aux provinces les clés de leur avenir. Cela facilitera la gestion locale des ressources, l’adaptation des politiques publiques aux réalités du terrain, la reddition de comptes accrue et l’émulation entre différentes entités en ce qui concerne leur épanouissement.
Mais l’idée fait aussi peur. Les partisans de la centralisation redoutent un éclatement du pays, ou l’émergence de fiefs autoritaires. Ils inoculent dans l’opinion les idées telles que : « Le fédéralisme peut être un piège si on ne bâtit pas d’abord une culture démocratique locale ». Ce qui ne tient pas debout dans la mesure où c’est la centralisation qui mine la culture démocratique locale par un système d’inféodation à outrance par une élite qui profite largement du statu quo.
Tenez-le pour dire que le fédéralisme ne serait donc pas une panacée, mais un outil de rééquilibrage. Il ne s’agit pas de la séparation, plutôt de la responsabilisation. Pour des provinces ou Etats fédérés sans assez des ressources, il existe des pistes pour instaurer un fonds de solidarité interprovincial [La caisse de péréquation] pour corriger les inégalités. Néanmoins, l’unité nationale sera gardée grâce aux fonctions régaliennes au niveau central (armée, diplomatie, finance). La constitution de la République et les lois locales devront miser sur la formation des institutions locales à la transparence et le profil des élus en province.
A ce stade, l’avenir de la RDC passe par un changement de paradigme, où les provinces sont appelées à devenir des moteurs du développement, plutôt que des dépendantes oubliées de Kinshasa.
Dans notre prochaine livraison, nous tacherons de donner les (autres) avantages et les inconvénients du fédéralisme. Question de préparer l’opinion sur ce nouveau système.
Jeef Mwingamb