Dans une République Démocratique du Congo qui se veut État de droit, la récente tentative de musellement médiatique orchestrée par Christian Bosembe, président du CSAC, a provoqué une onde de choc révélatrice d’un glissement inquiétant vers l’autoritarisme. En interdisant toute couverture médiatique des activités de Joseph Kabila et du PPRD, Bosembe a franchi la ligne rouge entre régulation et censure politique, défiant ouvertement l’article 24 de la Constitution congolaise.
Ce geste, loin d’être anodin, marque une dérive grave : celle d’un pouvoir qui cherche à effacer ses adversaires du débat public, au mépris des libertés fondamentales. Loin de protéger l’éthique médiatique, le CSAC, sous Bosembe, a pris des allures d’instrument répressif, amplifiant une dynamique déjà inquiétante de rétrécissement de l’espace démocratique. Plus grave encore, ce coup de force a été accueilli dans un silence presque complice de l’UNPC et du ministre de la Communication, Patrick Muyaya. Ce dernier, pourtant ancien journaliste, semble désormais plus préoccupé par le contrôle du discours que par sa pluralité.
Mais le véritable sursaut est venu de là où on ne l’attendait plus : le CSAC lui-même. En rejetant massivement la décision de Bosembe lors de sa plénière, l’institution a finalement restauré la légalité et affirmé que personne, pas même un ancien président controversé, ne peut être effacé de la sphère publique sans violer la Constitution.
Ce revirement souligne une vérité fondamentale : la démocratie ne peut s’épanouir dans le silence. La presse libre reste le dernier rempart contre l’abus de pouvoir. Si certains veulent instrumentaliser les institutions pour imposer le silence, d’autres — journalistes, citoyens, membres intègres du CSAC — rappellent que l’information est un droit, non une faveur.
Christian Bosembe a voulu censurer, mais c’est lui qui finit censuré. Un rappel que la démocratie congolaise, bien que fragile, possède encore des ressorts de résistance.
Mutaka Yote