Chut ! On tue à Lubumbashi

Jadis une ville de quiétude, un véritable havre de paix témoignant son atmosphère. Aujourd’hui elle est en proie à l’insécurité. Ses autorités versent dans le déni au nom du militantisme aveugle. Alors que l’insécurité et la criminalité ont atteint le paroxysme dans le quotidien des habitants, le conseil de sécurité se réduit par effronterie à l’expression selon laquelle « la situation est relativement calme ». Malgré des réunions régulières pour discuter de la situation, leur intérêt semble être ailleurs. Surtout que ces séances assorties d’un cachet de présence coûtent une fortune au trésor au profit des participants. Etrangement, ces dirigeants sont comme par contagion déconnectés de la réalité d’autant plus que le gros des effectifs de nos agents de l’ordre est commis à la sécurité de leurs familles et de leurs biens.

Lorsque la population crie au secours, pour ces autorités il s’agit d’une peur exagérée. Conséquence, la gouvernance publique subit au lieu de prévenir. D’aucuns le savent bien que c’est une autre paire de manche pour justifier la sortie de gros montants difficilement contrôlables.  

C’est ce qui amène la population, sans défense à crier son désespoir et à croire que les complices sont dans les mêmes services appelés à la sécuriser.

« Chut, on tue à Lubumbashi ! ». Comment comprendre que les gouvernants qui ont tous les attributs du pouvoir et l’accès aux ressources de l’État, puissent toujours être pris au dépourvu ? On dirait l’atmosphère lugubre leur fait plaisir ! Paradoxalement, Jacques Kyabula, le patron de la province du Haut-Katanga, dans ses manières populistes a affirmé : « Ces gens sont des sorciers. L’insécurité que nous vivons ces jours-ci est alimentée. Ce sont des gens qui financent pour que l’on tue la population ». La foule sans état d’âme et surchauffée cite le nom d’un opposant que l’orateur acquiesce par un sourire sournois. Donc, le gouverneur connait ces tueurs à gage ! ça s’appelle la politique de l’autruche.  

Puisqu’on y est. Ce n’est plus un secret, à chaque cas de criminalité, la présence des hommes en uniforme est souvent signalée. Ailleurs, on en attrapé même. Ce qui est intriguant et paradoxal, c’est le fait que les ‘’forces de sécurité’’, plutôt certains éléments incontrôlés, dit-on, se passent pour une partie prenante du problème alors qu’ils devraient être les garants de la paix. Ça c’est la partie invisible de l’iceberg. Mais une autre   facette soutenue et entretenue par les gouvernants, c’est la terreur qu’imposent les combattants de [leurs] formations politiques. Cette terreur qui prend souvent une dimension de criminalité au vu et au su de tous, n’est ni incriminée, ni punie.

En instaurant le couvre-feu, la mesure pourrait donner des bons fruits dans un contexte où l’autorité de l’Etat ne trottine pas. D’aucuns n’ignorent que depuis un certain temps, la ville est sous un couvre-feu non déclaré avec la présence des barricades presque partout. Cela n’a pas empêché d’assister à une criminalité croissante. Plus grave, quand des corps sans vie sont ramassés non loin d’un camp militaire comme celui ‘’Major Vangu’’ ou dans les encablures d’un Sous-Ciat, signale un rapport de la société civile à Luwowoshi. Tout en saluant la mesure, le couvre-feu exige des améliorations, mais pourrait aggraver la situation, incitant à la peur et à l’intimidation plutôt qu’à une véritable solution. De l’avis de criminologues, la solution à l’insécurité ne réside pas dans des mesures punitives qui visent à terrer la population, mais dans une approche plus juste, plus radicale. Ne dit-on pas qu’à chaque mal, un remède ? L’autorisation de l’autodéfense populaire pourrait faire l’affaire. Les lushois en ont déjà fait l’expérience au lieu de détourner le regard ailleurs.