Les cadres de l’administration publique du Haut-Katanga viennent d’être réarmés contre la corruption et ses conséquences au cours d’un séminaire tenu du 25 au 27 mai 2021 dernier à l’hôtel Lubumbashi sous l’expertise de l’OSCEP (Observatoire de Surveillance de la Corruption et Ethique Professionnelle). Livrant ses impressions après l’atelier, le chef de division des affaires sociales dans le Haut-Katanga, M. NGUZA YAV Nicodème nous en donne l’économie
Ils étaient plus de 50 chefs de divisions de l’administration publique du Haut-Katanga ou leurs délégués pour suivre un atelier de renforcement des capacités en connaissance et en outil en vue de lutter efficacement contre la corruption qui gangrène notre administration publique, a confié, le chef de division provinciale des affaires sociales, M. NGUZA YAV Nicodème.
Durant trois jours, soit du 25 au 27 mai 2021 dernier, ces cadres de l’administration publique ont été à l’école de l’éthique et de la morale sous le thème principal : « Immersion aux valeurs et éthique professionnelle ». C’est sous la supervision de la division de la fonction publique que l’observatoire de surveillance de la corruption et l’éthique professionnelle a organisé cet atelier. Il sied de souligner que l’OSCEP est institution étatique ayant les prérogatives et l’expertise requise dans ce domaine. Pour le chef de division des affaires sociales dans le Haut-Katanga, cet atelier qui est tombé à point nommé, s’avère d’une importance capitale dans la mesure où l’inversion de valeurs a pris de l’ascenseur dans notre pays et à cela tous les niveaux.
A la question de savoir : pourquoi l’OSCEP a-t-il ciblé d’abord l’administration publique ? Notre interlocuteur qui s’est fait un interprète fidèle a fait savoir que l’administration est la colonne dorsale qui sous-tend le développement de toute société organisée, de tout pays. D’aucuns savent bien que tous les secteurs de la vie publique et privée (Enseignement, fiscalité, douane, santé, finances, etc) sont connectés à l’administration. Voilà pourquoi l’administration est à la fois le vecteur et le champ propice de la corruption, a-t-il renchéri.
Au cours de cet atelier, rapporte le chef de division des affaires sociales, il a été abordé la question touchant à la corruption sous toutes ses formes, ses méfaits et ses conséquences vues sous l’angle collectif et individuel. En ce qui concerne les formes que prenne la corruption au sein de notre administration, Nguza Yav Nicodèmes a cité la corruption en nature (sous forme de dons matériels), en espèce (i s’agit bien des espèces sonnantes et trébuchantes) et en séduction sexuelle devenu un fléau très fréquent pour obtenir un service quelconque ou une promotion.
Plusieurs mauvaises pratiques et astuces sont généralement utilisées pour amener ou prédisposer les personnes qui attendent un service quelconque, a-t-il souligné. Parmi ces astuces louches et tendancieuses les plus usuelles au sein des services de l’administration publique, c’est par exemple faire marcher quelqu’un pour un service donné. Ces pratiques à bannir se présentent sous formes de corruption, de concussion, d’extorsion et d’escroquerie, a-t-il indiqué.
Il faut signaler que les facilitateurs de l’OSCEP ont rappelé aux bénéficiaires le sens de la dignité et de l’honneur qui doit caractériser chaque acteur de l’administration publique et privée. C’est ne que de cette façon que l’on peut redorer l’image prestigieuse de l’administration. Cette sensibilisation a pour but d’amener les cadres de l’administration à la prise de conscience pour le bien commun. Il s’agit en terme simple du retour à la trilogie morale – éthique – déontologie comme sous bassement du professionnalisme, a martelé Nguza Yav Nicodèmes.
Sans ce comportement exemplaire cité en sus de la part des uns et des autres, il n’y a pas à espérer un avenir radieux dans notre pays, a souligné le chef de division des affaires sociales dans le Haut-Katanga, Nguza Yav Nicodèmes. Les retombées négatives de la corruption, selon lui, sont à la fois individuelles et collectives. C’est entre autre le sous-développement généralisé du point de vue matériel que mental que l’on observe dans notre société nationale en dépit des potentialités que nous offre généreusement la nature, a-t-il fait savoir.
Toutefois, M. Nguza Yav Nicodèmes a reconnu que le changement au sein de notre administration publique exige une volonté tenace à tous les niveaux. Car, selon toujours lui, la déliquescence que connait l’administration congolaise est une responsabilité partagée de tous, l’Etat comme structure, l’agent public et le citoyen, bénéficiaire final. Bref, a-t-il insisté, il faut un changement radical général. L’Etat, c’est-à-dire le gouvernement devra mettre l’agent public ou le fonctionnaire dans des conditions de travail convenables du point de vue salarial et logistique afin d’espérer un bon rendement de celui-ci. L’agent à son tour, à l’obligation de s’assumer en se conformant aux prescrits et instructions qui régissent le comportement d’un agent de l’administration publique. Mais aussi et surtout en bannissant les mauvais comportements tels que la corruption et toutes ses nuances comme la concussion, l’extorsion et l’escroquerie, a-t-il dit.
Le chef de division des Affaires Sociales, Nguza Yav Nicodèmes, fort de son expérience comme fonctionnaire depuis plus de quatre décennies, rappelle aux uns et aux autres que le travail du fonctionnaire de l’Etat est contraignant et régi par des interdits sans lesquels il n’y aura pas d’efforts à fournir.
Un autre mal et pas de moindre qui ronge l’administration congolaise et dont il faut s’en extirper, c’est la politisation, a rappelé M. Nguza Yav Nicodèmes. En effet, pour lui, la politique a supplanté l’administration publique en confisquant les normes et standard du fonctionnement de celle-ci. Il a, par ailleurs, énuméré plusieurs méfaits de la politisation au sein de l’administration publique. Il s’agit par exemple : de l’absence de la sanction, qu’elle soit positive ou négative – l’inadéquation entre la procédure à suivre d’un agent incriminé et le schéma qu’impose le barème de sanctions – le manque de considération du délai de sanction – la non-considération de profil en rapport avec l’élévation en grade, etc.
Pour prétendre faire avancer notre société nationale, qualitativement et quantitativement, a conclu M. Nguza Yav Nicodème, chef de division provinciale des affaires sociales dans le Haut-Katanga, il faut une administration forte pour engendrer une économie forte où les acteurs sont soumis aux normes bien établies et opposables à tous. Un seul conseil, selon lui, la corruption est un mal qui fait vivre leurs auteurs seulement dans le présent. Mais l’aliénation mentale le colle durant des générations.
A partir de ce séminaire de renforcement des capacités des cadres de l’administration publique du Haut-Katanga par les experts de l’OSCEP, l’opinion attend voir des indices de changement, notamment en assistant à la diminution des méfaits décriés et en observant l’augmentation des recettes dans les services d’assiette.
Il est à noter que les services de douane, l’enseignement et la magistrature sont classés parmi les secteurs de la vie nationale les plus corrompu. La liste n’étant pas exhaustive.
Propos recueillis par Jeef M.