Des larmes chaudes pour Baba WA KUMWANZA [Edito]

Naissance à Ankoro, le 24 octobre 1938. Mort officiellement annoncée le samedi 21/08/2021, en Angola. De quoi ? D’une courte maladie précise le communiqué de l’UNAFEC. Ainsi s’achève le parcours sur terre d’un vaillant Katangais.

A 83 ans d’âge, Antoine Gabriel KIKY, devenu successivement Baba puis Mandela quitte la terre des hommes après un parcours doré et agité. C’est le cas de le dire.

Depuis le 08 Août dernier, la première nouvelle ou rumeur sur sa mort a fait le tour de la planète. Enfin, il est mort proclamaient ses détracteurs avec une satisfaction mâtinée de rancœur. Et de commenter par ailleurs : il a été évacué urgemment vers JO’bourg pour les soins. La durée du vol pour Jo’bourg étant de deux heures, le médicin à bord aurait conseillé qu’on aille vers une autre destination à bref parcours. Luanda, la capitale Angolaise aurait été choisie. Comment cela s’est-il négocié ? Le secret est dans le cœur du pilote et des passages à bord. Des commentaires, il y en a eu tellement que finalement, nous venons d’avoir la triste et douloureuse certitude. KYNGU est mort un jour, en Angola, d’une courte Maladie. Cette info de l’UNAFEC ne peut être corrigée, ni par l’Assemblée Provinciale du Haut Katanga dont il fut Président, ni par la SNCC, première entreprise où il fut engagé en 1965.

On retiendra de ce fils de Mwenda MASUWA et d’Alphonsine KIBAWA, tous de NGOY KILENGALELE ; et territoire de Manono, qu’il fut charismatique, tribun, intrépide et d’un franc-parler désarçonnant.

Kyungu « esprit de fortune » et Wa Kumwanza « la gloire » aura marqué des empreintes indélébiles sue la scène politique congolaise.

C’est à 7 ans, en 1945 qu’il commence ses études primaires à Ankoro. Il obtient, naturellement son certificat et s’inscrit à l’école normale de LUBUNDA où il sera renvoyé. Il en ruait quand il s’en souvenait. Après un bref passage à l’école des moniteurs de kapolowe, il arrive à Elisabethville, aujourd’hui Lubumbashi, en 1956 pour achever sa formation à l’école moyenne de la KATUBA (Actuel Athénée de la KATUBA).

A l’étape scolaire de KAPOLOWE, Antoine Gabriel rencontre un ami qui sera son collègue et son chef : j’ai cité Fréderic KIBASSA MALIBA, Alias Freddy. Les deux commencent leur carrière professionnelle à l’école primaire St André de la Kenya. Ils sont aussi membres du syndicat des Enseignants Congolais (UNACO).

Février 1964, il est désigné secrétaire Fédéral de l’UNECO au Katanga oriental. Il n’a que 26 ans et son Etoile se met déjà briller. Le 11 Août de la même année KYUNGU proteste contre l’arbitraire d’un fonctionnaire de l’éducation provinciale, il est arrêté. Pas pour longtemps.

Plus tard, lorsque KIBASSA MALIBA ambitionne d’être élu conseiller ; pour sa campagne électorale, il nomme Gabriel directeur du Bureau Central de sa propagande.

Nommé ministre provincial chargé de l’éducation, de la jeunesse et des sports, KIBASSA désigne Kyungu directeur de Cabinet. Cela remonte au3 aout 1965.

Après le coup d’état de Mobutu en novembre 1965, Kyungu est engagé à la BCK (Compagnie De Chemin de Fer du Bas Congo au Katanga). Il anime les activités syndicales.

De 1970 à 1974, il est inspecteur des approvisionnements à l’ONATRA et de 1974 à 1977 il travaille comme agent de cadre au service d’approvisionnement de la SNCC.

La carrière politique, il la débute en 1977. Il bat compagne pour son élection au Conseil Législatif national, sous le parrainage de Mulongo MISHA KABANGE. Il sera élu comme suppléant pour la ville de Lubumbashi.

Suppléant de Misha, Kyungu l’a été aussi pour MWANDO Charles. En effet, quand ce dernier alors Commissaire du peuple, c’est-à-dire Député est nommé Commissaire de région (Gouverneur) du Kivu, le 18 janvier 1980, Kyungu a siégé à la place du nominé.

Ce sont ces trois hommes, à savoir KIBASA, MULUNGO MISHA et MWANDO, qui ayant découvert les qualités du regretté, très regretté Kyungu lui forgèrent les bases de la carrière politique. Un suppléant qui a fait ses preuves et qui a honoré la mémoire de ses maitres à penser.

En novembre 1980, KYUNGU participe au grand deal pour l’instauration de la démocratie pluraliste : il faut bannir la dictature. Avec 12 autres parlementaires il signe la « lettre ouverte adressée au président Mobutu.

Ce sont ces 13 parlementaires qui furent à la base de la Création de l’UDPS sous la présidence de KIBASSA MALIBA. Toujours à propos de l’illustre Katangais Disparu, il est à retenir un fait, et pas de moindre. L’opinion n’en sait rien.

Le 31 décembre 1980, quatre signataires de la lettre ouverte à savoir MAKANDA, KAPITA, KANANA et TSHISEKEDI se présentent à la résidence de Mobutu. Ils sont arrêtes sans autres forme de procès.

De Lubumbashi où il se trouve, feu KYKY MANDELA apprend la nouvelle. Eh bien il se rend lui-même chez le Commissaire de région Mandungu BULA NYATI. Il demande d’être aussi arrêté. Ce qui fut fait. Il sera transféré à Kinshasa le 5 janvier 1981 où il fut accueilli à l’aéroport par KIBASSA MALIBA. Une leçon d’abnégation doublée de solidarité.

Qui l’eut cru ? Une semaine après son arrestation, soit le 12 janvier 1981, le bureau du Comité Central déchoit tous le 13 parlementaires de leur mandat des Députés avec interdiction d’exercer les droits Civiques et Politiques. Mais au seul KYUNGU on étend aussi l’interdiction à toutes fonctions publiques.

Les archives du journal officiel N° 3 du 1er février 1981 renseignent bien sur mes allégations Il est important que l’on s’attarde un petit peu sur cette période des années 80 ; période qui a fait germer l’élan démocratique pluraliste. Et au cours de laquelle KYUNGU et compagnie ont subi de déboires et de grâces humiliations. L’illustration de hauts et de bas, qui n’est pas exhaustive, retient que :

· Le 10mars 1982, Kyungu est arrêté et emprisonné à Makala ;

· Début juillet de la même année, il est condamné à 15 ans de prison pour soit disant « complot qualifié » il est relègué à Kabalo, avant d’être emprisonné à la prison d’OSIO à Kisangani avec KIBASSA, Kapita, Ngalula et MAKANDA.

· A la faveur de l’amnistie proclamée le 19 mai 1983, à la veille de la célébration du 16emeanniversaire du Mouvement Populaire de la Révolution, le célèbre parti dictatorial du pays, kyungu et ses 12 amis d’infortune sont relaxés. Il relance ses affaires et propulse son BAR HOTEL KYKY sur l’avenue de la Digue à la Kenya. Bar qui sera le siège de L’UNAFEC en 2005.

· Février 1990, Mobutu charge MOKOLO WA POMBO de réaliser les consultations populaires à la suite de la chute du mur de Berlin (89), du Mouvement de la perestroika dans l’ex union soviétique et de la conférence de la Baule en France. Kyungu saisit l’occasion pour tancer, ou sens plein du terme, le régime de Mobutu en tant que membre de l’Assemblée régionale du SHABA élu de Lubumbashi.

· Avril 1990, Mobutu demande à la nation de comprendre son émotion et KYUNGU bondit sur l’occasion pour créer son parti la FENADEC, Fédération nationale des démocrates chrétiens.

· Nguz fait pareil il crée son parti « parti républicain indépendance » PRI en sigle et le 08/8/1990, il annonce la naissance de UFERI, Union des Fédéralistes et des républicains indépendants « UFERI » L’UFERI, dérive de la fusion entre la FENADEC et PRI.

Kyungu en est le Président provincial et c’est à ce titre qu’il participe à la Conférence nationale souveraine commencée le 07 aout 1991. Une double digression s’impose à ce stade : la première porte sur la coïncidence des dates : le 07/08/1991, c’est le lancement de la conférence nationale souveraine. Et le 07/08/2021, Kyungu Wa Kumwanza est déclaré très malade.

08/08/1990, c’est la création de l’UFERI et le 08/08/2021, la rumeur sur le décès du patriarche enflamme la toile. La seconde digression concerne la position de l’UDPS dans ce retournement des faits.

Les observateurs notent qu’à la faveur de la démocratisation décrétée le 24 avril 1990, le Président Mobutu déclare que Tshisekedi n’est plus en résidence surveillée et qu’il peut reprendre ses activités politiques le 17/010/1991 l’UDPS est reconnue officiellement.

Le 22 juillet 1991, il est nommé Premier Ministre. Le 15 août 1992, la conférence nationale souveraine l’élit premier ministre. Sacré mois d’Août ! Revenons à Kyungu, à la Conférence nationale, il se lance dans des opérations de déstabilisation contre le Président ISAAC KALONJI MUTAMBAYI.

Ce dernier sera remplacé par MONSENGWO. Le 30 octobre 1991, Mungul DIAKA est nommé Premier Ministre et Kyungu passe Gouverneur du Katanga. Son mandat est inauguré le 06 novembre de la même année avec l’opération « Debout Katanga » qui a réussi à affirmer l’identité Katangaise.

Quatre plus tard, en mars 1995, Kyungu est retenu en résidence surveillée. Le 20 avril, il est suspendu de ses fonctions de Gouverneur avec son Adjoint Kapapa. Le parti connait les déboires, il tente de le recréer.

Le 27 mars 1997, il récupère son poste de Gouverneur, Mobutu le rétablit pour qu’il empêche la progression des troupes de L’AFDL sur Lubumbashi ; malheureusement pour lui, la ville tombe aux mains de l’AFDL, le 09 avril et Gaetan KAKUDJI le remplace à la tête de la province.

Fait majeur, Antoine Gabriel a évité le bain de sang à Lubumbashi grâce la collaboration entre l’UFERI et l’AFDL. En 1998, le 23 novembre, Kabila le nomme Ambassadeur à Nairobi.

Juin 1999 il représente la RDC en Arabie saoudite. Mais quand Manono tombe aux mains du RCD, l’homme démissionne et retourne au pays en 2000. Kabila père l’arrête.

Et mai 2000, il demande la main sur le cœur, pardon pour la purification ethnique qu’il avait organisée au Katanga. Malgré cela, la rancune s’est enracinée et a tendance à s’assouvir. Oh! La bête humaine!

Septembre 2000, Kyungu et Kisimba ngoy crée l’UNAFEC, l’Union des Nationalistes Fédéralistes du Congo. L’UNAFEC est membre de l’AMP, alliance pour la Majorité présidentielle.

En 2006, elle bat campagne pour le candidat Kabila à la présidence de la république. Kyungu glane 36 569 à la députation ; il passe président de l’Assemblée et obéit au mot d’ordre de sa famille politique, de ne pas postuler comme Gouverneur. 2011. campagne en faveur de KABILA.

Ça passe mais en 2015, ça coince. Pas de troisième mandat. Il s’en suit la création du G7, les négociations de Genval où les deux colosses Kyungu et Etienne Tshisekedi se rencontrent et se parlent les yeux dans les yeux. Grande interrogation : « qu’avons-nous fait de notre pays ? Que va-t-on lui léguer », se sont-ils demandé.

A 83 ans, l’homme avait encore, et beaucoup à dire sur la marche et l’histoire de la République. Face à l’intolérance politique, il a toujours haussé le ton et s’est rangé du côté de la majorité persécutée.

Qui ne se souvient pas de la réaction Musclée de l’UNAFEC en faveur de FATSHI lorsqu’il venait battre campagne à Lubumbashi, en 2018 ? Le cheminot meurt en tant que PCA (Président du Conseil d’Administration).

Le politicien meurt au service de l’Union Sacrée, au grand dam de beaucoup de Katangais. Mais, il meurt avec son fils, au mois d’août, dans un contexte des deuils qui accablent le Katanga. Kyungu s’en va. Il a travaillé avec quatre Présidents, il les a combattus quand il le fallait. Mais, seule exception, FATSHI avait le soutien total de Baba Preuve, le 14/04/2021, Kyungu débarque à Kalemie avec Christian Mwando pour réconforter les Députés de l’Union Sacrée.

Voyage d’adieu qui gardera ses marques à la place Kisebwe. Wa KUMWANZA, n’est pas Jésus. Il peut être Barabbas, cela me rappelle la réponse de Nymy Maidika Ngibi au révérend Père Godenir de l’ISP Lubumbashi.

Il disait je cite : « mon père, entre Jésus et Barabbas, les hommes choisiront Barabbas » Pourquoi donc ? Parce que Jésus a eu la chance d’être ressuscité et d’aller au ciel, tandis que Barabbas peut être sauvé par le pardon lui accordé par les survivants Des larmes pour Kyungu Wa Kumwanza.

Jacques vallon KABULO

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