Les dernières ordonnances présidentielles nommant les mandataires d’Etat des entreprises et établissements publics en RDC soulèvent encore des inquiétudes et animent le débat dans l’opinion. Nombreux y dénichent d’une part, une dose excessive de favoritisme en faveur d’une région linguistique. Et d’autre part, le double emploi et le disfonctionnement du Gouvernement.
Le Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi vient de nommer les mandataires d’Etat dans certains entreprises et établissements publics. Plusieurs entreprises/établissements ou agences ont vu leurs animateurs renouvelés et d’autres carrément remplacés. La grande inquiétude de moult analystes, c’est de voir que ces nominations portent des germes très accentués de népotisme. Seul l’espace linguistique auquel appartient le Magistrat suprême a eu la faveur excessive de bénéficier la part du lion avec plus de la moitié si pas le tiers des nominations. Cela devient très récurrent chaque fois qu’il y a des promotions. L’on s’interroge si les compétences voulues depuis l’avènement de l’Union dite sacrée se trouveraient que dans une seule appartenance ethnico-linguistique ? Ou bien, c’est à l’insu du premier citoyen que ces choses sont orchestrées ? Espérons que les prochaines nominations tiendront compte de l’équilibre tant régional qu’ethnique. Dans le cas contraire, cela briserait l’élan de la cohésion nationale et la fibre de l’unité.
Pour s’en convaincre, à en croire des observateurs avertis, environ 17 personnes sur les 24 nommées appartiennent à l’espace Grand Kasai. On descelle en outre des empreintes indéniables de clientélisme criant et de manque de rigueur dans la sélection. Les membres des familles de certains ténors du régime qui clament à longueur de journée l’Etat de droit sont les plus heureux de la République. Sans expérience professionnelle aucune, sans baground suffisant ou même sans militantisme [Un autre critère de sélection souvent appliqué dans les partis politiques, Ndlr], les enfants, nièces et neveux, gendres et frères de la junte en sont exemptés. Les cas les plus choquants qui taraudent les esprits, ce sont ceux de la fille biologique et du neveu de l’actuel Ministre d’Etat à l’Urbanisme et Habitat, Pius Mwabilu, nommés respectivement Directeur Général Adjoint à l’Office Congolais de Contrôle sans expérience ni technicité ; et Directeur Général à l’Officie des Routes au grand dam de tous les enfants-maison. Un autre exemple qui sent la moquerie du peuple, c’est celui de Bertin Tshisekedi nommé Directeur Général des Fonds pour la Promotion de l’Industrie (FPI) et son frère direct Barnabé Mwakadi qui prend les commandes de la Direction Générale des Impôts (DGI).
Cette situation qui contrarie la bienséance dans une République comptant plus ou moins 400 ethnies et tribus organisés en 4 espaces linguistique. Le paradoxe, c’est lorsque l’institution sensée assurer l’équilibre en est l’auteur de cette dérive sociale intolérable. Il y a peu ou encore chaque fois le Président de la République en sa qualité du garant de l’unité nationale condamne tout acte ou propos relatif au tribalisme, mais dans les faits visibles aux yeux même des aveugles, on déniche ce tribalisme dans la manière de gouverner, non seulement ça révolte, mais aussi intrigue quant à la bonne marche de la nation.
Une autre inquiétude, c’est l’augmentation de la taille des institutions ainsi que la charge à l’Etat au moment où l’on débatte sur la réduction du train de vie des institutions. N’est-ce pas vouloir une chose et son contraire ? Qui pis est, ces multiples agences créées et attachées à la présidence, vident la primature et certains ministères de leurs prérogatives. Il s’agit d’un double emploi qui aura coûté en vain le trésor national.
Avec des dépassements régulièrement enregistrés au niveau des institutions de la haute sphère de décision de l’Etat, ces structures nouvellement créées vont aussi peser énormément au détriment du social de la population.
G. Wakunonda