Bouclant sa tournée africaine par Kinshasa après Gabon, Brazzaville et Luanda, le Président français, E. Macron, est arrivé tard dans la nuit de ce mercredi, 3 mars 2023. Dans un état d’esprit de ‘’maître’’ à la fois donneur de leçon et médiateur à distance égale. Le Chef d’Etat français a gardé son ambivalence sans clairement condamner l’agression du Congo/Kinshasa par le Rwanda. Malgré le tapis rouge et les honneurs militaires, un voyage inutile qui aura valu au Congo, mépris et humiliation. On a senti les faiblesses de l’impréparation diplomatique de la part de Kinshasa, insatisfait et pris au dépourvu.
D’aucuns s’interrogent les raisons de la présence du chef d’Etat français à Kinshasa. Après un bref séjour, le passage d’Emmanuel Macron n’a apporté aucune solution attendue par les Congolais quant à la situation d’insécurité à l’Est suite à l’agression par le Rwanda via ses supplétifs du M23 Malgré la dichotomie de position entre l’officiel et le parti au pouvoir, d’une part, ayant appelé à un accueil chaleureux à réserver au Président de France, et d’autre part, une population hostile à la présence de celui que l’on présente comme le symbole de l’impérialisme en Afrique ; c’est le Congo qui est sorti réduit et affaibli. Le fait de croire obtenir la légitimité avec l’arrivée d’Emanuel Macron sans au préalable préparer son esprit et attendre de lui forcément la condamnation du Rwanda, n’a pas été une bonne stratégie pour le Président Tshisekedi. Au finish, c’est la déception, l’insatisfaction et l’humiliation lorsqu’on veut trop savoir la position vaille que vaille.
Alors qu’avant sa brève tournée africaine, E. Macron avait clairement annoncé l’objectif de son voyage en Afrique, voyage qui consistait à définir une nouvelle politique et le contour d’une nouvelle stratégie. Pour lui, « il ne s’agit pas de considérer l’Afrique comme un terrain de compétition ou de rente. Plutôt comme des partenaires avec qui nous avons des intérêts ».
Il appartenait au Congo/Kinshasa de jouer sur des mots que d’envenimer la situation. Loin des attitudes diplomatiques habituelles, et en dépit de sourires à la fois narquois et sournois de l’un et l’autre, on a assisté à un point de presse conjoint, tendu et chaud.
D’un côté, l’hôte de Félix Tshisekedi poussant son outrecuidance jusqu’à lancer au visage de ce dernier des propos que l’on n’attendait pas à cette occasion. Voulant aller au-delà de sa taille, Félix Tshisekedi, comme quelqu’un qui attendait une occasion propice, ne s’est pas laissé faire au point de verser dans la maladresse gestuelle.
Armé d’un courage exceptionnel, peut-être voudrait-il faire le Lumumba : « (…) Et si demain nous allons aux élections dans des conditions difficiles, vous parlerez de compromis à l’africaine. Alors qu’aujourd’hui, ces mêmes africains sont en train d’attirer votre attention sur cette ignoble et injuste agression due au fait du Rwanda, et demandons même des sanctions, personne n’en parle (…) ça doit changer dans la manière de coopérer avec la France et l’Europe. Regardez-nous autrement, en nous respectant, en nous considérant comme des vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste».
Alors que l’opinion congolaise dans son ensemble attendait entendre du numéro français la condamnation claire et sans ambigüité du Rwanda, Macron n’a même pas fait allusion au mot ‘’agression’’. Il a trouvé juste le temps de faire voir à son homologue congolais que : « Et depuis 1994, ce n’est pas la faute de la France, pardon de le dire dans des termes aussi crus, vous n’avez été capables de restaurer la souveraineté. Ni militaire, sécuritaire, ni administrative de votre pays (…) il ne faut pas chercher les coupables à l’extérieur (…) à la nécessité, c’est une responsabilité qui doit se faire ici et non la France qui doit le faire (…) comment voulez-vous qu’il y est une paix durable et la confiance dans un pays quand la justice n’est pas assez. N’accusez donc pas la France pour quelque chose qui est devant vous». Donc, le langage d’Emmanuel Macron est clair comme l’eau de roche. L’affaire du Congo, c’est son gouvernement qui doit trouver des solutions. Les jérémiades de nos autorités doivent cessez.
Se comportant en maître, Macro, dos tourné contre Tshisekedi, dit « Je suis ici pour que chacun prenne ses responsabilités, y compris le Rwanda ». C’est que les analystes ont qualifié de jouer à l’équilibre ou au modérateur à égal distance. Il sait bien qu’il y a la guerre et ne propose pas le mécanisme de sa fin tout en restant dans la logique des accords de Luanda [de négociation], tout en promettant l’aide humanitaire aux déplacés [certainement, sachant que le Congo ne pourra pas refuser suite à son incapacité en ressources].
Mêlant diversion et digression, il se refuse catégoriquement de parler de l’agression du Congo par le Rwanda, mais préfère mettre Kinshasa devant ses responsabilités face à ce qui lui arrive. La goutte qui va déborder le vase Le dossier boitillant des élections qui semble être remis en cause depuis le passage du Président, Félix Tshisekedi à la Commission des droits de l’homme à Genève.
A la question de la journaliste française de savoir s’il y aura un ‘’compromis à l’africaine’’ au cas où la guerre persistait. Seul le Président connaissait les tenants et les aboutissants de ce mystère caché. Loupant l’occasion de se taire, il est revenu sous-forme de plainte de l’attitude paternaliste qu’afficherait l’occident vis-à-vis de l’Afrique.
De cette question de la journaliste que le Président Félix Tshisekedi transpose sur un homme d’Etat français, Jean Yves Le Drian. Une passe en or offerte à Macron pour ouvrir sa petite boite de pandore sur le contexte électoral de 2018. « C’est exacte et c’est historique. Cette formule on sait où elle est sortie et on sait le contexte électoral de 2018 (…) et la France a beaucoup œuvré qu’il y ait alternance qui n’aurait pas été un mécanisme spontané… ».
C’est le pavé jeté dans la marre. Dans une chaude empoignade face aux caméras, l’homme d’Etat français a insinué l’importance d’une justice indépendante et d’une presse libre qui doivent jouer leurs rôles dans la construction de la démocratie. Comprenne qui peut, la France, par la bouche de Macron a fait savoir que l’élection de 2018 n’était pas une alternance spontanée. Comme qui dirait, la méfiance de ce pays tient en partie à l’illégitimité en place et à l’incapacité à trouver solution à la sécurité du pays.
La visite du Président français peut être qualifiée de fiasco sur le plan diplomatique et sécuritaire pour la RDC dans la mesure où Emmanuel Macron a déçu toutes les attentes des congolais. Il y a lieu donc de donner raison à ceux qui s’étaient opposé au Président français à fouler ses pieds en RDC.
G. Wakunonda