Plus de 7 mois après la mort du député national et ancien ministre de Transport et et porte-parole du parti politique Ensemble pour la République, Chérubin Okende, le procureur général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde, a rendu le jeudi 29 février 2024 les conclusions des enquêtes diligentées à cet effet. Selon lui, l’infortuné s’est suicidé, quand bien même des zones d’ombre sur les motivations restent encore à déterminer. D’où la continuité des enquêtes pour en savoir le contour réel, a-t-il précisé.
Trouvé mort à bord de sa jeep dans la matinée du 13 juillet 2023 sur la route des poids lourds pas loin de la commune de la Gombe à Kinshasa au lendemain de sa convocation à la Cour de Cassation, la dépouille de l’ancien ministre de Transport et Voies de communication et député national, Chérubin Okende continue à être gardée à la morgue. La raison évoquée la justice, c’est les résultats des enquêtes diligentées à cet effet.
Après l’autopsie et toutes les enquêtes des experts, M. Firmin Mvonde, Procureur près la Cour de Cassation a finalement rendu les conclusions de ces enquêtes le jeudi 29 février 2024 dans son cabinet de travail. Pince-sans-rire, le haut magistrat affirme haut et fort que le défunt s’était auto-infligé. C’est-à-dire, Chérubin Okende s’était suicidé en se tirant une balle dans la tête [Ce qui est contraire à tout ce qui a été publié dans la presse, Ndlr]. Cette affirmation, éloigne l’hypothèse d’un assassinat, a-t-il souligné.
Le Procureur ajoute aussi que : « L’arme utilisée appartenait à son garde du corps qui l’avait laissée dans le véhicule ». Il a martelé en disant que : « l’autopsie réalisée sur le corps du défunt n’a révélé aucune autre trace de traumatisme, à l’exception de la blessure par balle auto-infligée à la tempe, qui a traversé la tête pour ressortir de l’autre côté ».
Cependant, a-t-il ajouté, il y a des zones d’ombre qui persistent quant à la raison de ce suicide. « Nous allons poursuivre les enquêtes non pas pour découvrir qui l’a tué, mais pour savoir qu’est-ce qui s’est passé réellement », a déclaré le haut magistrat. Car, à l’en croire, lors de la perquisition du bureau privé du défunt, il a été trouvée une phrase dans son agenda qui dit : « Je suis au bout du rouleau ». Et d’ajouter que les pages suivantes ont été arrachées [on ne sait, par qui ? ndlr]. Ce qui soulève des questions.
Il sied de souligner que la conférence du procureur s’est terminée par une note des menaces à peine voilée ou de mise en garde à l’endroit de quiconque s’hasarderait à publier des informations contraires qualifiées de non vérifiées et de fausses.
On crie au scandale judiciaire !
Dans une de ses sorties médiatiques, le Président de la République, Félix Tshisekedi a fortement rabroué la justice congolaise qu’il a qualifiée de malade. Les conclusions de l’enquête sur l’assassinat de Chérubin Okende en est une véritable illustration de ce cancer qui gangrène l’appareil judiciaire en RDC, pensent plus d’un observateur.
Tout le monde crie au scandale et qualifie ces conclusions de bâclées au regard des indices et faits qui ont entouré la mort de l’opposant au régime de Tshisekedi.
Pour Me Alexis Deswaeef, l’avocat belge engagé par la famille Okende : « il n’y a rien de crédible (…) après 24 mois d’enquête, on a conclu que c’est le garde du corps qui a tué son patron. 7 mois après, on parle que Chérubin s’est suicidé ».
La famille biologique du défunt opposant se dit ne pas être d’accord. Elle se prépare avec ses avocats pour donner sa version de faits. Entretemps, ni les experts belges, Sud-africains et onusiens ne disent un mot, soit dans le sens du Procureur général près la Cour de Cassation, ni pour infirmer ses propos.
De notre envoyée spéciale à Kinshasa S. Ifhodji
