La réalité derrière l’accueil du ‘’Roi soleil’’ dans son itinérance quelque part à Ndoumbelane cache malheureusement et curieusement deux aspects qui ne profitent qu’à leurs mesquins d’auteurs.
En effet, le soleil semble s’arrêter dans le ciel de Ndoumbelane. Pas d’activités autres que l’accueil du ‘’souverain’’, claironne-t-on au mégaphone et autre lance-voix. Pourtant, on le sait bien, aucune solution ne sera trouvée aux problèmes sociaux des ‘’sujets’’. Pour l’Etat comme pour les privés, c’est un manque à gagner. Pour la population mobilisée, l’on se contentera juste d’un per diem qui vaut juste une poignée de riz.
Pendant ce temps, les organisateurs à tous les échelons, se la coule douce et empilent leurs poches du magot injustifié. C’est dans ce climat irréel où l’on assiste à une scène de spectacle mêlée de faux sourires, d’allégresse forcée et un soutien apparent à ceux qui détiennent le pouvoir sans partage de bonheur. Alors que l’accueil qui se veut chaleureux à un roi prend des allures de mascarade politique, d’une mise en scène soigneusement orchestrée pour masquer la misère ambiante. La population, souvent laissée pour compte et clochardisée, est poussée à soutenir un spectacle qui ne sert qu’à enrichir une poignée de privilégiés, au détriment de l’intérêt général. Parmi ces malheureux se trouvent les agents de l’administration locale qui accusent plusieurs mois d’arriérés de salaires. Parfois, même le bénéficiaire de cet accueil de la souffrance ne maîtrise aucun contour.
Derrière l’apparente fête, se cache la mécanique bien huilée de la propagande. Les autorités, du plus bas au plus haut échelon, sont mobilisées pour faire croire qu’elles sont populaires, qu’elles sont appréciées par les citoyens, et qu’elles œuvrent pour leur bien-être. Pourtant, tout le monde en est conscient que cela n’est qu’une façade, un jeu de dupes où l’urgence est instrumentalisée pour justifier des actions superficielles.
Les rues sont balayées en toute hâte, les murs des bâtiments repeints à la va-vite, les nids-de-poule réparés sommairement. Tout est fait pour donner une illusion d’amélioration, juste assez pour impressionner lors du passage du ‘’Roi’’ et sa suite. Et dans la foule, un quidam de crier : « une mise en scène pour masquer des années d’échec ».
Et tandis que les clowns, moyennant un cachet, sont invités à crier « bienvenue ! » dans chaque recoin du village, des journalistes, payés pour l’occasion, répandent des louanges sur les roitelets locaux, chantant à la gloire de ces dirigeants qui ont su tirer profit de la situation. Car, derrière chaque geste, derrière chaque sourire, se cache une quête insatiable d’enrichissement personnel. L’argent public est détourné, les fonds alloués aux « urgences » disparaissent dans des mains invisibles, sans aucune traçabilité, dans une opacité totale. Qui viendra contrôler qui, si chacun sait qu’il a eu sa part ?
Les élus locaux, eux-mêmes embarqués dans cette spirale de cupidité, ferment les yeux, muselant toute tentative de contrôle ou de réclamation. Leur rôle se résume à être les complices d’une situation qui ne sert qu’à renforcer leur pouvoir et à remplir leurs poches.
Et lorsque les voix discordantes s’élèvent, l’on active les services secrets d’intimidation pour taire toute agitation contraire par des moyens non conventionnels.
Ce spectacle de propagande, où tout est fait pour exalter le roi qui arrive et les « donateurs » qui se présentent en sauveurs, ne fait que renforcer le clivage social et l’injustice. Une partie de la population, égarée par l’effervescence du moment, exalte d’une manière poltronne ceux qui sont en réalité les responsables de sa souffrance. Comble de tout, cette euphorie, teintée de cynisme, n’est que la manifestation d’un système où la misère est utilisée comme tremplin pour l’enrichissement de quelques-uns.
Voilà la réalité à Ndoumbelane. Un lieu où la misère est exploitée, où la population est manipulée par des leaders qui, derrière des sourires et des promesses creuses, servent d’abord leurs propres intérêts. Une façade de progrès, construite sur des fondations de faux-semblants, d’opacité et de vol.
Jeef Mwingamb