Le blocage du développement du Kasaï, notamment le projet de construction du barrage de Katende, a pris une tournure insolite qui suscite à la fois étonnement et amusement. Séjournant dans la province du Kasaï occidental, le président Félix Tshisekedi a déclaré à Kananga : « On voulait faire mieux pour la chute de Katende, mais les abeilles nous ont empêchés. » Cette affirmation, surprenante à première vue, révèle une situation des plus inattendues.
En effet, alors que les autorités tentent de booster le développement du Kasaï, les obstacles semblent venir d’une source pour le moins inhabituelle : les abeilles. Ces insectes, au lieu de produire le miel tant recherché, se seraient alliées avec les autorités coutumières pour bloquer la construction du barrage, un projet pourtant fastidieux qui pourrait transformer la région en un pôle d’industrialisation. Un phénomène étrange et rocambolesque qui fait rire à première ouïe, mais aussi soulève des questions sur les véritables causes de ce retard et des enjeux sérieux pour l’avenir du Kasaï.
‘’Mukwantombolo’’ [c’est un des sobriquets de gloire que les frères du sang ont donné au premier citoyen des Congolais], a au cours de son tête à tête avec la population du Kasaï occidental a profité pour pointer un doigt accusateur les autorités traditionnelles locales de sabotage. La situation semble un véritable casse-tête pour les dirigeants du pays, qui, tout en affichant la détermination à agir, restent perplexes face à un tel antagonisme. On dirait une légende !
Qui l’eut cru ? Que la gestion de la res publica prenne la tournure métaphysique. Cela peut surprendre. Cependant, un membre du clergé avait déjà publié un livre en ce sens. « le Mupongu ou le bouloji », entendez la sorcellerie est un de facteurs à la base du sous-développement du Kasai. Ce qui corrobore avec des propos controversés d’Augustin Kabuya selon lesquels : « les kasaïens fuient leur province à cause de la sorcellerie ». Donc, il n’y a rien d’invraisemblable dans cette histoire des abeilles que l’on peut qualifier ‘’ d’antipatriotiques’’.
Les esprits cartésiens voient dans les déclarations du président Félix Tshisekedi un stratagème de détourner l’attention de l’opinion face à des défis majeurs en matière de gouvernance par son régime exacerbés par des détournements de fonds publics très faramineux. Malgré le chapelet des bonnes intentions truffé des promesses fallacieuses de développement, l’impunité persiste, alimentant la méfiance populaire envers les dirigeants sous couverts de l’expression despotique de clémence « Mashi a mumenu », qui signifie le sang des dents.
Accuser les autorités traditionnelles est une chose. Qualifier les abeilles d’antipatriotiques, on concède. Ce qui est essentiel pour restaurer la confiance, c’est mettre en place une approche plus rigoureuse et transparente en confiant la responsabilité à des compatriotes dégagés de tout esprit paroissial.
Des promesses utopiques et irréalisables, on en a entendue à ne pas compter durant les 6 dernières années en temps normal comme pendant la campagne électorale. Le ‘’Mulopwe’’ ne dira pas que c’est toujours les abeilles du Kasaï qui ont empêché leur réalisation. Mbandaka attend toujours la construction de son Harvard qui n’arrive pas, la ville de Boma n’est pas encore éclairée selon les assurances de décembre 2023 et bien d’autres promesses sorties de la bouche du garant de la constitution sont restées lettre morte.
Des explications mystiques de Fatshi est une simple stratégie qui détourne l’attention des problèmes structurels de gestion. Car, au Kasaï comme dans l’ensemble du pays, on assiste à des réalités semblables de gestion des ressources. Les cas des projets tels que forages, lampadaires, routes Kalamba- Mbuji, pour ne citer que ceux-là, en sont illustratifs.