Ecole privée belge de Lubumbashi

Quand l’ingratitude devient institutionnalisée

A première vue, l’école privée belge de Lubumbashi (EPBL), institution privée à programme belge, semble incarner l’excellence scolaire et l’ouverture internationale qui attire plus des nantis congolais à y inscrire leurs enfants à des prix faramineux et sans concurrence. Pourtant, derrière cette vitrine prestigieuse se cache une réalité bien plus sombre : un traitement systématiquement injuste réservé à son personnel, en particulier à l’issue de leur carrière.

Depuis plusieurs années, les témoignages de mécontentement s’accumulent. Congolais comme expatriés dénoncent une série de pratiques indignes d’un établissement qui se réclame d’un modèle européen : décomptes finals mal calculés, non-paiement de préavis légaux, manipulation ou malversation des pensions de retraite, et autres manquements flagrants aux droits du travail. Notre rédaction y reviendra avec des cas plus précis de ses investigations.

Si tous les employés sont susceptibles de subir ces injustices, les plus grandes victimes demeurent les cadres congolais. Nombre d’entre eux, après des années de loyaux services, se retrouvent remerciés sans cérémonie, ni reconnaissance, ni compensation conforme à la législation congolaise. Un traitement discriminatoire qui fait dire à certains observateurs qu’un relent colonialiste plane encore dans les couloirs de cette école soi-disant consulaire – une appellation abusive, car elle ne relève d’aucun statut officiel consulaire.

Un ancien enseignant, sous couvert d’anonymat, affirme : « On nous traite comme des sous-employés. Nos collègues expatriés bénéficient de privilèges, de contrats solides. Nous, on est jetés à la fin comme des chiffons, sans pension, sans indemnités, parfois même sans mot d’adieu. »

Le cas du couple Bernard, un sujet belge, il y a quelques années, reste emblématique. Ancien personnel apprécié à la section primaire et son épouse à la maternelle, ont été brutalement remerciés par Madame De Baker, directrice à l’époque, dans des conditions qui avaient choqué l’opinion locale. Aucune procédure légale n’avait été respectée. À l’époque, notre tribune avait enquêté sur cette affaire, révélant des pratiques abusives couvertes par le silence de la direction générale basée en Belgique.

Malgré les nombreuses plaintes et dénonciations, l’administration de l’école est restée mutique. Les tentatives de dialogue de certains employés ou leurs représentants syndicaux sont restées lettres mortes. Pire encore, ceux qui osent s’exprimer sont parfois menacés de représailles, ou se voient fermement découragés de prendre des actions légales. Ce mutisme entretient un climat de peur et de résignation qui cache l’opacité dans la gestion.

Le temps est peut-être arrivé pour que les autorités compétentes — tant en RDC qu’en Belgique — se penchent sérieusement sur le fonctionnement de cette école. Les enseignants, éducateurs, agents administratifs et techniciens méritent le respect de leurs droits. L’école belge de Lubumbashi ne peut continuer à s’abriter derrière sa façade internationale pour échapper à ses obligations sociales.

La question ainsi soulevée n’est pas seulement juridique, elle est aussi morale. Car une école qui forme les générations futures ne peut le faire en trahissant ceux qui la font vivre au quotidien.

Affaire à suivre…

L’œil du Jaguar

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