Les 19 et 20 février 2025 les organisations de la société civile du Katanga ces sont réunies à Lubumbashi et à Kolwezi afin d’analyser en profondeur la situation sociopolitique et sécuritaire de la République démocratique du Congo (RDC) et de la région des Grands Lacs. A l’issue de ces échanges, elles ont formulé des constats, exprimé des revendications et proposé des pistes de sortie de crise.
Un tableau sombre de la situation sécuritaire, marquée par des conflits récurrents et une instabilité chronique a été dressé par les membres de la société civile au cours de cette réunion. Cette situation est attribuée à une combinaison de facteurs politiques, institutionnels, économiques et identitaires. La société civile dénonce notamment la mauvaise organisation des élections, le non-respect des résultats, la violation répétée de la Constitution, ainsi que l’absence d’un pouvoir local fonctionnel.
Des causes profondes et multiples identifiées
La société civile du Katanga pointe du doigt une série de dérives politiques : les dialogues à répétition sans issue concrète (Sun City, Nairobi, Concertations nationales), le non-respect des engagements pris, les nominations politisées, la mauvaise répartition des ressources, et l’ingérence tribale dans la gestion de l’État. S’ajoutent à cela des enjeux liés au secteur minier, dont la militarisation, les expropriations illégales, et l’accaparement des marchés par une élite privilégiée.
Par ailleurs, les discours haineux, les crises identitaires, la distribution d’armes à des fins de déstabilisation, ainsi que la création de structures budgétivores jugées inefficaces aggravent la situation.
Des conséquences alarmantes sur les droits humains et la cohésion nationale
Selon toujours la société civile du Katanga, les conséquences sont jugées graves : violations massives des droits de l’homme, arrestations et déportations ciblées, marginalisation des Katangais au sein des forces de sécurité, spoliation des ressources naturelles, et émergence de milices communautaires (Wazalendo, Mayi-Mayi, Force du Progrès), parfois qui seraient soutenues par les autorités elles-mêmes. L’armée, au lieu de protéger le territoire et les populations, serait devenue, selon les intervenants, une force au service d’intérêts particuliers.
Des conditions posées pour un dialogue crédible
La société civile katangaise ne s’oppose pas au principe d’un dialogue national mais fixe des conditions claires. Ce dialogue doit être inclusif, représentatif, franc et exclure toute remise en cause des frontières. Parmi les exigences figurent également la libération des prisonniers politiques katangais, le retour des exilés, le retrait des militaires des zones minières, la mise en place d’un mécanisme de suivi, et l’instauration de sanctions en cas de non-respect des accords.
Le fédéralisme comme solution de rupture
Ces organisations réclament à court terme, la dissolution des institutions actuelles, l’établissement d’un gouvernement de transition de deux ans, suivi d’élections crédibles. A moyen terme, elles appellent à l’adoption d’une nouvelle constitution instaurant le fédéralisme comme forme de l’Etat et mode de gestion, ainsi que la création de onze États fédérés, pour une gestion plus équitable et décentralisée du pays.
Par cette prise de position, les organisations de la société civile du Katanga réaffirment leur engagement pour une paix durable, une gouvernance juste et une refondation de l’état congolais sur des bases inclusives et respectueuses des droits fondamentaux.