C’est une affaire retentissante qui secoue le microcosme éducatif de Lubumbashi. L’École Privée Belge de Lubumbashi (EPBL), jusque-là perçue comme un modèle de rigueur pédagogique et de standards européens, est aujourd’hui sur le banc des accusés au tribunal de travail (Tritra). Trois anciens enseignants – MM. Kabila Kiesse, Guy Capalas et Jean-Jacques Kalonji Mukendi – ont décidé de briser le silence et de porter plainte contre leur ancien employeur pour des irrégularités administratives jugées graves et récurrentes.
Ce qui était perçu comme une institution d’excellence se retrouve ainsi au cœur d’un feuilleton judiciaire inédit, qui met en lumière un paradoxe choquant : derrière l’image prestigieuse de l’EPBL, se trouvent des pratiques internes opaques, voire abusives, à l’encontre de ses propres employés.
Le cas de Jean-Jacques Kalonji Mukendi, inscrit à l’extrait de l’ordre sous la référence RT 2552, cristallise l’indignation. Après 19 ans de loyaux services sans la moindre faute professionnelle, cet enseignant chevronné a vu son départ à la retraite entaché d’un traitement indigne. Alors qu’il avait officiellement notifié à la direction son intention de prendre sa retraite à 60 ans, l’EPBL, après une acceptation de principe, aurait manqué à ses obligations légales : refus de préavis, absence de décompte final correct, non-remboursement du trop-perçu d’impôt sur le revenu, et surtout, un déni flagrant de reconnaissance pour les années consacrées à l’éducation de générations entières.
L’audience en introduction prévue le 8 avril 2025 dernier, a été reportée en raison de l’absence non justifiée de la direction de l’EPBL, pourtant notifiée dès le 19 mars. Ce comportement, jugé dilatoire par les avocats de la partie demanderesse, alimente les soupçons d’une stratégie d’évitement visant à ralentir le cours de la justice.
Mais au-delà des batailles procédurales, ce sont les principes fondamentaux du droit du travail et de la dignité humaine qui sont en jeu. La plainte de Kalonji, soutenue par ses avocats, vise à obtenir non seulement réparation financière, mais aussi une reconnaissance morale face à ce qu’il qualifie de trahison institutionnelle. Ils exigent notamment la réintégration de son ancienneté, des dommages et intérêts, et un audit complet de son traitement de fin de carrière.
L’affaire révèle une autre facette de cette école longtemps portée aux nues : celle d’un système où les droits des travailleurs sont relégués au second plan. Comment une institution qui se targue de former l’élite intellectuelle peut-elle manquer à ce point de respect envers ceux qui ont façonné sa réputation ? Les remercier comme des bons à rien au moment où ils s’attendaient des honneurs au regard de la qualité de leur prestigieux parcours dans cet établissement.
Le procès ainsi entamé devient le symbole d’une lutte plus large. Ce n’est pas seulement l’honneur de trois anciens enseignants plaignants qui est en jeu, mais plutôt la dignité de tous ceux qui, dans le silence, ont vu leurs droits bafoués. Il s’agit là d’une bataille pour la dignité, pour la justice sociale, et pour que cesse l’impunité dans des institutions qui doivent être exemplaires.
Ce combat interpelle en outre l’ensemble du système éducatif congolais sur l’urgence d’un encadrement plus strict du droit du travail.
Nos équipes continueront à suivre l’évolution de ce dossier, car si l’EPBL est encore perçue comme un phare de la formation scolaire, elle pourrait bien, à la lumière de ces révélations, voir son image éclaboussée par les abus qu’elle a longtemps dissimulés.
Bien que tenue de main de maître par ceux qui prétendent être les champions de la civilisation moderne, par ces 3 dossiers en justice, l’école privée belge de Lubumbashi se révèle, si ces faits sont avérés, être le champion des pratiques frauduleuses et des manœuvres comptables. Ce qui mettra en lumière une administration en totale contradiction avec les principes élémentaires du droit du travail. Qui l’eut cru ?
L’œil du Jaguar