RDC : le fédéralisme, une voie d’avenir !

La République Démocratique du Congo (RDC), ce vaste pays au cœur de l’Afrique centrale, est confrontée à des défis multiformes liés à sa diversité ethnique, ses immenses ressources naturelles, sa gouvernance centralisée à partir de Kinshasa et l’isolement des provinces généralement éloignées de la capitale. Dans ce contexte, la forme d’État unitaire hautement centralisé s’est souvent révélée inadaptée pour répondre efficacement aux aspirations locales et au développement harmonieux du territoire national. Le fédéralisme, en tant que système d’organisation politique, apparaît alors comme une alternative sérieuse, de l’avis de plusieurs études socio-politiques et économiques.

A la lumière des multiples expériences et en s’appuyant sur certains exemples convaincants dans le monde, il paraît nécessaire de proposer une réflexion examinant les avantages du fédéralisme pour la RDC. Ceci dissiperait la peur bleue qu’affichent les partisans du système unitaire centralisé,

Une meilleure représentation de la diversité ethnique et culturelle

La RDC, rappelons-le, abrite plus de 450 ethnies réparties sur un territoire de 2,3 millions de km². Il y a des points de la République situés à plus de 2000 Km. Et dire que c’est dans un pays où le voyage par avion est un luxe, une fortune. Cette mosaïque des peuples est une richesse culturelle souvent ignorée par le système centraliste ; favorisant ainsi certaines régions ou groupes au détriment d’autres. Le fédéralisme permettrait à chaque province d’avoir une autonomie culturelle et administrative. Il l’aidera à préserver ses traditions, langues et pratiques propres, tout en s’intégrant dans un projet national. L’Inde en est une illustration parfaite qui a su intégrer une mosaïque de langues, de religions et de cultures grâce à un système qui reconnaît une grande autonomie culturelle à ses États fédérés.

Gestion plus efficace et équitable des ressources naturelles

Le potentiel minier, forestier et hydrologique de la RDC est immense, mais les populations locales n’en profitent pas tellement. Le fédéralisme permettrait une gestion décentralisée des ressources, rendant les provinces responsables de leur exploitation et de leur redistribution. Cela renforcerait l’économie locale et améliorerait les infrastructures régionales.Le Canada, avec ses provinces riches en pétrole comme l’Alberta, montre comment des entités fédérées peuvent développer leur économie tout en contribuant à un fonds de péréquation nationale. Ici chez nous, n’eut été la gourmandise de Kinshasa et l’inféodation des dirigeants en provinces, la redevance minière serait un miracle congolais

Lutte contre la corruption centralisée

D’aucuns n’ignorent qu’en RDC, la centralisation excessive a facilité la concentration du pouvoir entre les mains de quelques élites, avec des effets délétères sur la transparence. Le fédéralisme bien défini dans la constitution favorisera un pouvoir de proximité. Conséquence, les autorités locales seront plus accessibles et plus facilement tenues responsables par leurs administrés. L’exemple de l’Allemagne est édifiant. L’architecture administrative forte repose au niveau des Länder, ce qui réduit les risques de corruption centralisée.

Stimulation du développement régional

Comme déjà dit dans nos précédentes livraisons, aucune province en RDC est pauvre en ressources naturelles. Seulement, les réalités économiques varient d’une province à l’autre. Avec le fédéralisme, les politiques économiques et sociales seront élaborées et adaptées localement, plutôt qu’un modèle unique réfléchi à la hâte à Kinshasa qui s’avère souvent inefficace. Cette autonomie encourage l’innovation régionale et la responsabilisation.
Les États-Unis en sont les champions. Chaque État, par exemple, peut mener ses propres politiques d’éducation, de santé ou d’énergie, ce qui favorise l’émulation et la compétitivité.

Renforcement de la stabilité par l’autonomie

Ce n’est qu’un secret de polichinelle, l’histoire de la RDC est marquée par des tensions identitaires et régionales répétitives. Ces tensions sont souvent liées au sentiment d’abandon par Kinshasa. C’est pourquoi, un fédéralisme bien structuré peut répondre à ces frustrations en garantissant aux provinces un espace d’expression et d’autonomie dans un cadre national partagé. Ce quiréduirait ainsi les velléités séparatistes et les tendances d’étouffement des provinces qui se distinguent. La Suisse, par exemple, est composée de cantons très autonomes. Elle a réussi à construire une stabilité remarquable malgré ses différences linguistiques et culturelles.

Ces quelques avantages du fédéralisme, n’excluent pas les risques qui nécessite l’attention surtout dans un pays fragile comme la RDC.

Un fédéralisme mal pensé peut attiser les volontés de fragmentation. Surtout dans des régions économiquement puissantes. Une autre crainte pourrait être les inégalités régionales accrues si le mécanisme de solidarité interprovinciale n’est pas bien appliqué. Les provinces les plus pauvres à l’instant de l’application pourraient se sentir marginalisées. Le risque de « féodalisation » locale est à craindre aussi. L’élite régionale face à des habitants amorphes, pourrait reproduire localement les abus du pouvoir central. Naturellement, le coût de gouvernance sera élevé avec la multiplication des institutions locales. Cela nécessite une réforme administrative rigoureuse.

Ces exemples cités ci-haut ne nous oblige pas à procéder au copier-coller de ces modèles étrangers. Il faille une adaptation à la réalité congolaise, encadré par une Constitution solide, des institutions indépendantes et un mécanisme de solidarité nationale. Il exige aussi une culture démocratique et un engagement sincère des élitespour le bien commun.

Une chose est vraie, avec l’échec cuisant de tous les systèmes appliqués jusque-là, la RDC a tout à gagner à repenser sa structure étatique. Le fédéralisme, s’il est bien préparé et inclusif, peut devenir un instrument puissant pour unir sans uniformiser, développer sans dominer, et gouverner sans exclure.

Jeef Mwingamb

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