L’ARSP serait-elle une régulation qui cache un réseau d’intérêts maffieux ? Les résultats d’enquête de l’ONG ASSOMIP-Mu sur les liens opaques entre l’Autorité de régulation et certains opérateurs économiques, en disent tant.
Alors que l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance dans le Secteur Privé (ARSP) est secouée par de graves accusations de détournement de fonds visant son Directeur général, Miguel Katemb Kashal, de nouvelles interrogations émergent sur les liens troubles entre l’ARSP et plusieurs opérateurs économiques congolais et étrangers. C’est ce qui ressort d’enquête sur un réseau d’influence qui semble transformer un organe de régulation en levier de contrôle économique et de clientélisme à la base d’un enrichissement illicite de celui qui se présentait le gendarme de la sous-traitance et qui jouissait de la pleine confiance du Président Félix Tshisekedi.
La lettre du directeur de cabinet du chef de l’État, Anthony Nkenzo Kamole, datée du 27 mai 2025, marque une première reconnaissance institutionnelle de ces soupçons. Reposant sur un dossier soumis par l’ONG ASSOMIP-Mu, cette lettre évoque des données comptables et financières problématiques, et appelle à faire toute la lumière sur les opérations internes de l’ARSP.
Une institution née de la bonne intention, mais dévoyée
Créée pour encadrer la sous-traitance dans un environnement longtemps dominé par des pratiques informelles et peu transparentes, l’ARSP avait pour mission de redonner du pouvoir aux entreprises localesdans les chaînes de valeur économiques dominées par des multinationales. Mais très vite, des voix se sont élevées pour dénoncer un fonctionnement opaque, où la régulation se serait transformée en instrument de pression ou de chantage économique au profit d’une poignée.
Des entreprises privilégiées, des attributions contestées
Plusieurs sources internes au secteur privé affirment que certaines sociétés de sous-traitance proches de la direction de l’ARSP auraient bénéficié d’un traitement préférentiel : exemptions partielles de normes, priorisation dans les attributions de marchés, voire couverture de pratiques illégales. D’autres entreprises affirment avoir été écartées des appels d’offresoupoussées à verser des « frais spéciaux » pour rester en activité.
Un entrepreneur local, sous couvert d’anonymat, déclare : « Il y a une sous-traitance officielle et une sous-traitance de copinage. Ceux qui ne sont pas dans le réseau du DG n’ont aucune chance. ». En son temps, la coordination de la société civile dans l’espace Katanga l’avait déjà dénoncé avec véhémence.
Une cartographie des « alliés économiques » de l’ARSP
Selon des documents internes consultés par certaines ONG, plusieurs sociétés ont vu leurs chiffres d’affaires exploserdepuis l’accession de Miguel Katemb à la tête de l’ARSP, sans justification claire ni historique de performance. Certaines sont enregistrées au nom des proches collaborateurs du puissant DG. D’autres encore, utiliseraient des prête-noms. Parmi elles, des noms reviennent fréquemment dans les marchés publics ou dans les joint-ventures exigées par l’ARSP auprès de grandes compagnies minières.
Un climat de crainte dans le secteur
Des chefs d’entreprise interrogés affirment ne pas pouvoir dénoncer ces dérives publiquement, de peur de représailles administratives, notamment des suspensions d’agrément, des audits sélectifs ou des blocages fiscaux. « C’est devenu un système mafieux : la régulation est utilisée comme une arme économique », confie un ancien cadre d’une entreprise étrangère ayant requis l’anonymat.
Reste à savoir si une véritable enquête judiciaire indépendante sera ouverte, ou si ce dossier rejoindra la longue liste des affaires étouffées par la complexité politique et les intérêts croisés au sommet de l’État ?
Entretemps, certaines sources renseignent que les éléments de la Garde Républicaine en faction à la résidence de sieur Miguel Katemb Kashal, au quartier Karavia à Lubumbashi seraient retirés.
Affaire à suivre !
G. Wakunonda