RDC. Trois lettres qui devraient incarner la République Démocratique du Congo. Mais à y regarder de plus près, ces initiales sonnent désormais comme une mauvaise plaisanterie. Pour nombre de citoyens éveillés, elles signifient aujourd’hui République des Détourneurs du Congo— ou, pour ceux qui n’ont plus foi en rien, République des Détourneurs et des Corrompus, en mutation accélérée vers une République des Dirigeants Gourmands (RDG).
Oui, gourmands. Affamés de pouvoir, de privilèges et surtout d’argent public. Pendant que l’on gave le peuple de slogans creux : ‘’le changement est en marche’’, ‘’l’État de droit’’, ‘’le peuple d’abord’’, au point de croire que la République est leur échoppe qu’un artiste a chanté ‘’ligablo’’ ; la réalité, elle, est d’une autre nature. Le peuple regarde, affamé, pendant que les dirigeants se goinfrent.
Tout le système empeste. Il suinte la corruption, les marchés truqués, les rétro-commissions justifiées par la plus haute autorité de droit divin comme étant des « pratiques normales ». Quelle stupéfaction ! Le mot détournement est devenu un euphémisme pour désigner ce qui, ailleurs, s’appelle clairement vol organisé. Et ces voleurs ne sont autres que les « pères de famille » — comme les qualifie cyniquement celui qui se veut le garant de la nation et des lois de la République.
Ce garant, justement, dont les mots semblent plus aptes à justifier l’injustifiable qu’à défendre les intérêts du peuple. Pendant que les ministres, gouverneurs, directeurs généraux, députés et sénateurs, et compagnies gonflent leurs comptes, les hôpitaux tombent en ruine, les enseignants vivent d’aumônes, les routes se délitent, et la jeunesse s’exile ou se meurt dans l’inaction suite à la manipulation.
La RDC est devenue une République de l’impunité, du mensonge et du mépris de la majorité. Une terre où les promesses sont recyclées à chaque campagne électorale, où les criminels à col blanc sont décorés, promus, blanchis. Et pourtant, on continue de parler de « changement ». On s’en vente même d’avoir mieux fait !
Mais jusqu’à quand le peuple supportera-t-il cette mascarade ? Jusqu’à quand le silence complice ou résigné tiendra-t-il?
Le ciel congolais s’assombrit. Pas seulement par les nuages d’une météo capricieuse, mais par les cumulo-nimbus d’une colère populaire qui gronde. Cette fois, ce ne sera pas une pluie d’illusions. Ce sera l’orage de la vérité. Celui que redoutent tous ceux qui ont trahi la nation.
Car quand la coupe déborde, le peuple se lève. Et quand il se lève, les palais tremblent.
Jeef Mwingamb