La situation qui prévaut à la prison annexe de Musoshi/Kasumbalesa est très préoccupante. Autant elle viole les droits de prisonniers, autant elle nécessite une attention particulière des autorités locales et provinciales. Car rien ne marche dans ce lieu carcéral qui ressemble carrément à un mouroir en ce vingt-unième siècle.
La prison annexe de Musoshi/Kasumbalesa située à Sodimico, cité située à quelques encablures de Kasumbalesa dans le territoire de Sakania, présente un visage terrifiant et infernal où les sévices sont la règle d’or. C’est le constat fait tant par nos limiers que par la société civile locale. Ce lieu carcéral ne fait malheureusement pas l’exception de l’ensemble de la plupart des prisons dans notre pays.
Les autorités politico-administratives ainsi que judiciaires locales n’en font aucune attention sur la vie et le vécu quotidien de ces compatriotes détenus régulièrement ou irrégulièrement ; dont certains sont gardés sans jugement ou faute d’argent leur exigé. D’autres encore y croupissent sans avoir été entendus sur les motifs réels de leur incarcération. Ainsi va le slogan devenu propagandiste ‘’ Etat de droit’’ que prône Antoine-Félix Tshisekedi à longueur de journées.
En effet, la prison annexe de Musoshi, conçue pour 50 à 60 personnes maximum, héberge à ce jour environ 120 détenus ou plus. Soit une surpopulation évaluée à environ 200% de sa capacité d’accueil. Ce surpeuplement voulu et entretenu est lié particulièrement au dysfonctionnement et à la lenteur administrative au niveau du parquet secondaire de Kasumbalesa, dénonce Clément Mitonga, coordonnateur du cadre de concertation de la société civile de Kasumbalesa.
La majorité de détenus dans cette prison, les-sont de manière irrégulière, renseignent les mêmes sources. Nombreux d’entre-eux ne savent pas valoir leurs droits au niveau de cet appareil judiciaire, constate Clément MITONGA. Car ils sont des détenus privés de certains magistrats qui en usent en leur guise. Ce qui ouvre la voie à l’arbitraire qui soumet des citoyens à une vie inhumaine et intolérable par manque d’attention des responsables.
Le monnayage de tout acte posé est une pratique courante, voire tolérable dans cet enfer carcéral : obtenir un lit ou un espace libre pour dormir, passer un coup de téléphone ou encore avoir droit de prendre un bain, être visité ou avoir l’autorisation de réceptionner sa provision. Une situation qui est à la base de la mort de certains prisonniers. Certains restent en prison même après avoir purgé leurs peines par manque d’argent.
Outre cela, la rareté de la nourriture pour les prisonniers ainsi que l’environnement très malsain tant dans les cellules et leurs alentours laissent à désirer. Ceci est à la base de beaucoup de maladies dont souffrent les prisonniers. De même que la sous-alimentation criante qui caractérise la vie de la population carcérale de cette geôle. Conséquence directe, c’est une population en majorité candidate à la mort forcée suite à la malnutrition qui sévit dans ce lieu infernal. C’est le cas de le dire pour les trois pensionnaires décédés le mois de mai passé. Comble de tout, les pensionnaires de la prison de Musoshi à Kasumbalesa n’ont même pas accès aux soins médicaux primaires. (Voir les images de ce pensionnaire dont les plaies ne sont même pas soignées, Ndlr).
Face à cette situation inhumaine et catastrophique que présente le tableau sombre de la prison annexe de Musoshi qui dépend du parquet de Kipushi, pourtant prévue pour des détentions allant de 2 à 3 mois, la société civile constate que certains compatriotes y passent parfois plus de 3 ans. Voilà qui justifie la décision et la détermination de la société civile d’entreprendre un combat dans le but d’améliorer tant soit peu les conditions carcérales, a indiqué son coordonnateur, Clément MITONGA. Pour qui la liberté est la règle, la détention une exception. Curieusement, même la prison de Kipushi ne fait pas exception en ce qui concerne les cas de décès parmi les prisonniers. La surpopulation est effrayante, au point où les incarcérés font de tour pour dormir faute d’espace dans les cellules. N’est-ce pas inhumain !
Eric Mwilambwe Rossignol