Investi pour le 2è mandat, Félix Tshisekedi annonce : 6 objectifs pour un quinquennat aux multiples défis

Après sa victoire à la présidentielle du 20 décembre 2023 selon les résultats de la Commission Electorale Nationale Indépendante et sa confirmation par la Cour Constitutionnelle par son arrêt du mardi 9 janvier 2024 à Kinshasa, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a prêté serment le samedi 20 janvier au stade des martyrs de la pentecôte devant une foule nombreuse des kinois et une dizaine de Chefs d’Etat africains. C’est pour un deuxième mandat qui s’annonce plein de défis. Et ce malgré la contestation des résultats par l’opposition qu’il a saluée en passant pour leur participation à l’élection passée. Pour ce mandat, le Président Tshisekedi risque d’assoir le pouvoir avec une majorité parlementaire vacillante au regard des mécontentements internes après la publication des résultats aux législatives.

Après l’arrêt de la Cour constitutionnelle ayant siégé en matière de contentieux des résultats électoraux et confirmant Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo comme gagnant de l’élection de décembre 2023, ce dernier devient ainsi le 6ème président de la République démocratique du Congo. Ayant jugé la présidentielle du 20 décembre 2023 entachée de fraudes massives et   truffées de plusieurs irrégularités, l’un des candidats en lice, Théodore Ngoy avait appelé en annulation les résultats dudit scrutin.

Sa cause était jugée sans surprise recevable mais non fondée par le ministère public. Après un débat doctrinal houleux, la Cour n’a pas hésité de confirmer l’écrasante victoire de Félix-Antoine Tshisekedi avec 73,43% de suffrage.

Bien que qualifiée de chaotique par certains observateurs et de simulacre par les opposants au régime, la machine avance. Pour sa part, le Président de la République qui qualifie l’opposition de « composante consubstantielle », estime que ces dames et messieurs ont une place dans la gouvernance de ce pays. C’est pourquoi il les a invité le parlement d’ « assurer l’effectivité du rôle de l’opposition que cette dernière voudra bien désigner conformément à la constitution ».

A en croire certains analystes de la scène politique, un sérieux problème de légitimité sur le plan des relations internationales pourrait se poser. Surtout lorsqu’on observe l’absence à la cérémonie d’investiture de 5 pays voisins sur 9 [En termes des Chefs d’Etat, ndlr], des décideurs des grands ensembles comme l’Union africaine, l’Union européenne et les Nations-Unies. A cela s’ajoute les autres absents parmi des grands partenaires comme les E-U, la Chine, la France, la Russie ainsi que l’ancienne métropole, la Belgique. Il y a lieu de beaucoup s’interroger. De son côté, Denis Kadima a tenté de crédibiliser le processus, pense-t-on, en invalidant 81 candidats considérés comme des fraudeurs pour détention illégale des dispositifs électroniques de vote et d’autres actes délictuels [ils étaient 82, un seul s’est tiré d’affaire en la personne de Justin Kalumba Mwana Ngongo, ndlr]. L’ardeur avec laquelle ce dossier a été lancé semble diminuer. Ça risque d’être classé sans suite. On connait comme ça commence dans ce pays.

La prestation de serment de samedi 20 janvier est un nouveau départ pour le régime de l’union sacrée. Félix Tshisekedi l’a dit lui-même que : « Tirant les leçons de l’expérience passée et ayant à l’esprit vos aspirations exprimées, je m’engage à user de tout ce qui est en mon pouvoir pour que les erreurs du passé ne se reproduisent plus (…) ». Et d’ajouter : « Je me tiens en ces lieux pour sceller, avec vous, ce nouveau contrat (…) ».

Le Président de la République reconnait que d’énormes défis l’attendent. Surtout lorsqu’on s’en tient à la dernière campagne électorale. Il n’est point un secret, les 5 années passées n’ont pas été fameuses. Le peuple l’a dit ouvertement au Chef de l’Etat lors de la dernière campagne électorale de 2023.

Fatshi obligé à honorer ses promesses

Félix-Antoine Tshisekedi n’a pas d’excuse à fournir aux Congolais pour ce nouveau mandat qui s’annonce tumultueux avec la cacophonie et le rififi en rapport avec la manière dont se sont   déroulées les élections de décembre dernier. Seul maître à bord, Félix Tshisekedi aura la chance d’être soutenu par une majorité complètent vouée à sa cause, quand bien même vacillante et hétéroclite.

Il devra faire face aux innombrables défis pour gagner la confiance du peuple congolais déçu dans sa majorité par le premier mandat. On l’a vu lors de la campagne électorale, le peuple congolais exprimer directement son ras-le-bol.

« L’expression de vos suffrages et le renouvellement de votre confiance à mon égard, interviennent dans une période critique de l’Histoire où de nombreux défis pèsent sur notre devenir collectif », a-t-il indiqué. Et de reconnaitre que : « Je mesure l’ampleur de la tâche qui m’attend ainsi que toute la portée des attentes légitimes qu’évoque cet ultime mandat, dans l’esprit de chaque Congolaise et de chaque Congolais. ».

Pour son second mandat, il a tout intérêt d’apporter des corrections profondes à la lumière de ses 5 ans d’expérience. Il ne devra pas faire de la complaisance dans le choix des collaborateurs. Des hommes et femmes consciencieux et patriotes ne manquent pas même au sein de l’USN pour la mise en place et l’application d’un programme cohérent, réaliste. Le premier citoyen congolais devra éviter, comme l’a ainsi annoncé lui-même, de travailler avec des fraudeurs, des détourneurs et d’autres magouilleurs.

Pour se faire, solennellement, Félix-Antoine Tshisekedi s’est fixé 6 objectifs pour ce deuxième quinquennat déterminant. Il s’agit notamment de :

« Premièrement, de créer plus d’emploi : en accélérant la promotion de l’entreprenariat notamment celui des jeunes, et au moyen d’une approche volontariste inspirée de nos réalités sociétales ;

• Deuxièmement, de protéger le pouvoir d’achat des ménages : en stabilisant le niveau de l’inflation et en maîtrisant le taux de change ;

•Troisièmement, d’assurer avec beaucoup plus d’efficacité la sécurité de nos populations, de notre territoire, de nos biens ainsi que la préservation de nos intérêts : au moyen d’une restructuration profonde de notre appareil de sécurité et de défense et par la poursuite du renforcement de notre diplomatie ;

•Quatrièmement, de poursuivre la diversification de notre économie et d’accroître sa compétitivité : en optant pour la transformation de nos produits agricoles et miniers bruts sur notre sol ;

• Cinquièmement, de garantir plus d’accès aux services de base : en veillant à l’extension des programmes tels que ceux de la Couver­ture Santé Universelle, de la Gratuité de l’Enseignement et du PDL 145T ; et enfin,

De renforcer l’efficacité de nos services publics ».

Comme préalable, Félix Tshisekedi devra consolider la cohésion entre congolais [quand bien même le Chef de l’Etat n’en a pas tellement fait mention, ndlr] et renforcer l’unité nationale qui soufre pour l’instant avec l’instauration volontaire du tribalisme comme mode de gestion. L’équilibre dans le partage des postes et les nominations à des fonctions importantes sont des impératifs pour refonder un état solidaire.

Sur le plan social, en plus de la solidarité et de la cohésion nationale voulues réellement par tous, la vraie justice distributive est attendue au prorata du poids économique de chaque province. Les entités qui produisent devront être privilégiées dans un système d’émulation. L’amélioration des conditions de vie des citoyens passent par la création d’emplois surtout pour la multitude des jeunes désœuvrés qui, du reste, ont des yeux rivés vers les promesses de campagne de Félix Tshisekedi pour construire leur avenir avec dignité. « J’ai conscience des attentes que peuvent susciter le chômage, la création d’opportunités d’emploi pour les jeunes, les femmes ou encore les personnes vivant avec handicap », a-t-il souligné  

Les Congolais attendent aussi du magistrat suprême l’amélioration des conditions de travail dans le secteur public. Le respect de la constitution augure un véritable état de droit. « Préservé, par cet acte, l’héritage nous légué par nos Pères fondateurs dont le sacrifice consenti pour no­tre liberté, demeure le socle de notre Loi fondamentale », a martelé le premier citoyen congolais. L’équilibre et l’équité dans les nominations des animateurs dans l’appareil judiciaire sans la prédominance ethnique soulagera tout le monde, pense plus d’un observateur.

Deux autres préoccupations majeures qui attendent des réponses adéquates du Président Félix Tshisekedi, sont l’accès par tous à l’eau potable et à l’électricité comme une urgence d’une grande nécessité.

Les fonctionnaires de l’état, les enseignants à tous les niveaux, les médecins, les policiers et militaires espèrent à leur tour, voir leurs salaires s’embellir sans aucune forme d’excuse.

Du point de vue économique, les Congolais ont besoin de voir le panier de la ménagère s’améliorer pour toutes les couches sociales. Les prix des produits de première nécessité devront tenir compte du pouvoir d’achat de la population pour éviter la grogne sociale permanente. La forte dépréciation du franc congolais et le faible taux de change vis-à-vis de la devise étrangère exigent une attention particulière du nouveau gouvernement pour espérer la relance de l’économie nationale. La diversification de l’économie, la hausse de la production industrielle ainsi que la duplication des projets du genre ‘’Kanyama Kasese’’ sont des grandes priorités devant servir de levier pour le bien-être de la population. A ce sujet, il a répondu en ces termes : « j’ai conscience de vos attentes relatives à l’augmentation du pouvoir d’achat, la stabilité du franc congolais, la création d’une véritable industrie qui pourra concourir à la réduction de la dépendance de notre économie aux importations, notamment celles des biens et des produits de première nécessité. »

L’aspect sécuritaire préoccupe aussi le commandant suprême : « le renforcement de l’État dans sa capacité à : sécuriser la population et ses biens ; à éradiquer l’activisme terroriste et les groupes armés qui sévissent dans la partie orientale de notre pays ; à protéger avec plus d’efficacité nos frontières ; à assurer la défense ainsi que la sauvegarde des intérêts de notre pays partout où ils sont discutés, sont là autant de sujets qui aujourd’hui nourrissent vos préoccupations ». Le peuple congolais aspire à une paix réelle, durable et effective. D’abord mettre fin à la guerre et à l’occupation de l’Est du pays. Le non-respect des droits de l’homme, l’insécurité urbaine récurrente et les violences presqu’institutionnalisées sont mes fléaux à éradiquer.

En ce qui concerne les infrastructures, les Congolais voudraient voir la modernisation des équipements de base, l’aménagement des routes de desserte agricole, le désenclavement  et le ralliement des provinces par une route Trans provinciale. Le programme de développement à la base de 145 territoires nécessite une révision en profondeur pour son adaptation aux réalités de chaque entité.

Si jusque-là, l’inspection générale des finances (IGF) est appréciée avec sa patrouille des finances publiques, les résultats semblent ne pas profiter à la population. Cette structure est cependant utile pourvue que les recettes engrangées par son contrôle soient réellement affectées à l’intérêt général. Toutefois, l’IGF doit rester dans son rôle régalien sans se substituer au parlement et à la Cour des comptes. Son contrôle ne devrait pas être permanant et à priori comme on le constate. De peur de bloquer la bonne marche des entreprises de l’état.

Le Président de la République devra cette fois-ci montrer l’exemple par une gestion parcimonieuse et surtout en réduisant le train-train des institutions. La caisse de péréquation dont le mécanisme n’a pas encore été enclenché. Ce qui sera bénéfique aux provinces moins nanties de d’amorcer leur développement au même titre que les autres.

Comme on le voit, le nouveau mandat de Fatshi ne sera pas de tout repos. Car les défis à relever sont nombreux et persistants.

Jeef Mwingamb

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