Ingérence dans la gestion de la Chefferie de Basanga : Olivier Kiboko entre abus de pouvoir et calomnie

Dans la chefferie de Basanga à une trentaine de kilomètres de la ville montagneuse de Likasi, une tension palpable s’est installée entre les autorités locales et le Bourgmestre de la commune de Likasi Olivier Kiboko. Ce dernier, perçu comme un symbole de l’abus de pouvoir, se serait illustré par son ingérence manifeste dans les affaires coutumières en voulant imposer son diktat par la politisation de cette entité territoriale décentralisée. Les autochtones qui sentent un mépris flagrant des structures traditionnelles ont exprimé leur ras-le-bol en le dénonçant dans un mémorandum adressé aux autorités tant nationales que provinciales dans la province du Haut-Katanga.

Olivier Kiboko, bourgmestre de la commune urbaine de Likasi dans la ville du même nom est au centre d’une controverse qui l’oppose avec les autochtones de la chefferie des Basanga. Le précité est accusé d’abuser de son pouvoir et surtout de sa position privilégiée au sein de l’union sacrée [la majorité au pouvoir en République démocratique du Congo]. « Olivier KIBOKO, l’actuel bourgmestre de la commune de Likasi, qui à ce jour se considère champion et grand Semeur des troubles dans le Busanga en général et la chefferie des Basanga en particulier », lit-on dans leur mémo du 31 août 2024. Il foule au pied les prescrits régissant les ETD par des intimidations et calomnies. Ce comportement très dangereux semble trahir son appartenance en tant descendant de M’siri dans la chefferie voisine de Bayeke.

D’aucuns estiment qu’en s’immisçant dans les affaires de la chefferie des Basanga, le bourgmestre de Likasi ne fait pas que miner l’autorité des chefs coutumiers; il met également en péril la cohésion sociale de la communauté Lwanzo dont il est le 2ème vice-président national. Les accusations à l’agence nationale des renseignements (ANR/Kambove) portées contre le comptable de la chefferie de Basanga, Kelly Kasope wa Kasope, selon lesquelles il aurait terni l’image du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi et incité la population au tribalisme, illustrent cette stratégie de désigner des boucs émissaires pour justifier son emprise sur les affaires locales. [Lire la lettre du bourgmestre datée du 27 aout 2024].

Dans la chefferie des Basanga, l’on pense que les accusations de M. Olivier Kiboko ne sont pas sans arrière-pensées. Il s’agit d’un « acte barbare, calomniateur et provocateur qui ne vise qu’à déstabiliser notre chefferie », relève ledit memo.  Ce dernier utiliserait sa position pour tenter d’imposer son diktat en s’appuyant sur des allégations fallacieuses contre ceux qui osent contester son autorité. Surtout si l’on sait qu’il a toujours envié le poste du comptable de cette chefferie pour y placer quelqu’un de siens, le pointe-t-on du doigt. Auparavant, il aurait joué le même jeu en militant en faveur de son ami en remplacement de l’ancien secrétaire de la chefferie, Désiré Kabwe Kamuyumba. « Le vrai problème est que l’accusateur précité cherche à tout prix, faire partir le comptable  de la chefferie et le remplacer par son frère préparé par lui afin de lui permettre d’avoir un contrôle permanent de l’exécutif de la chefferie après avoir réussi à faire partir  l’ancien Secrétaire de la chefferie  par la manœuvre de même genre. C’est de l’ingérence pure et simple que nous déplorons », laisse-t-on entendre dans le mémo.

Il faudrait bien comprendre que cette manœuvre est une tactique de diversion, destinée à détourner l’attention des véritables enjeux et à consolider son pouvoir, dit-on dans ce terroir du Grand Chef Pande. Les habitants de la chefferie de Basanga voient là un affront à leur identité et un déni de leur autonomie. Car, sans se le cacher, ils déclarent sans se voiler le visage que M. Olivier Kiboko n’a qu’à aller faire ce désordre dans sa chefferie de Bayeke. « Car nous voulons bien vivre dans la paix et reconstruire notre chefferie après plusieurs années d’incertitudes marquées par des conflits stériles dans lesquels nous ne voulons plus y revenir », soulignent les Bena Pande.

Il sied de rappeler que la chefferie de Basanga, en tant qu’entité territoriale décentralisée, possède ses propres structures qui doivent être respectées et son propre personnel parmi les filles et fils du terroir qui relève de son chef. L’ingérence du bourgmestre constitue non seulement une violation des principes de décentralisation, mais aussi une menace pour la culture locale, déclare-t-on ouvertement. Les chefs coutumiers, garants des traditions et des valeurs, se retrouvent marginalisés dans un système où le politique cherche à dominer le culturel.

Il convient de signaler que l’élément déclencheur de cette calomnie, renseignent les sources, est la volonté manifeste du bourgmestre Olivier Kiboko à imposer les drapeaux et militants de son parti politique à la cérémonie culturelle d’installation du comité national de Lwanzo Lwa Mikuba en date du 24 août 2024 à Kabungu (chef-lieu de ladite chefferie). Chose qu’aucun notable n’avait pu digérer. D’ailleurs, à en croire les sources, Kelly Kasope avait quitté le lieu de la manif pour se rendre à Lubumbashi bien avant l’incident.

Les autochtones de la chefferie des Basanga ont dans leur mémo dénoncé cette supercherie de M. le bourgmestre Olivier Kiboko tout en sollicitant l’implication des autorités compétentes pour préserver la vie et la liberté de leur fils Kelly Kasope.

Nous apprenons lors de cette rédaction qu’une invitation serait lancée par le parquet général de Lubumbashi pour la confrontation entre l’accusateur, Olivier Kiboko et l’accusé, Kelly Kasope. Auparavant, un certain Ngoy Dan, le chargé de la communication de la même chefferie aurait passé une dizaine de jours au cachot respectivement au parquet de Likasi et de Lubumbashi pour le même motif.  

Cette situation met en lumière un problème plus large de gouvernance en République Démocratique du Congo, où les abus de pouvoir et la politisation des affaires locales sont monnaie courante. Le cas échéant de la chefferie des Basanga n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui nécessite une réforme profonde et un retour à des valeurs respectueuses des communautés et de leurs institutions.

Face aux abus de pouvoir du bourgmestre Olivier Kiboko et son ingérence dans les affaires de la chefferie des Basanga intriguent les habitants de cette partie. Ils affirment leur volonté de préserver leur autonomie et leur culture face à l’instrumentalisation politique de certains roitelets. Le gouverneur de province Jacques Kyabula Katwe, lui-même fils du terroir a tout intérêt de remettre la pendule à l’heure pour garantir un avenir où les valeurs traditionnelles et les droits des communautés soient respectés.

Contacté par notre rédaction pour donner sa version des faits, l’autorité communale de Likasi a banalisé la situation. Par une réponse trop courte : « Il n’y a rien. Tout est déjà réglé. Je ne sais rien dire comme les chefs coutumiers ont parlé ». il nous a en outre promis des vidéos desdits chefs pour nous en référer. Chose qui n’a pas été faite jusqu’à cette publication.

Affaire à suivre !

G. Wakunonda

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