Le secteur minier constitue le pilier de l’économie nationale congolaise. Il s’agit essentiellement des minerais du cobalt et du cuivre exploités au Katanga dans la partie Sud du pays. En 2024, la République démocratique du Congo (RDC) avait dans ses prévisions l’exportation d’environ 140 000 tonnes de cobalt. Fixé au prix de 11 000 dollars la tonne, cela pourrait générer des revenus significatifs, a fait savoir magistralement, le Sénateur Michel Kanyimbu Shindany, l’élu de Kolwezi. Cependant, s’est-il exclamé, la RDC se trouve dans une position paradoxale. Pourtant détenteur de plus de 70% de la production mondiale de cobalt, elle ne profite pas pleinement de cette richesse en raison de la faible valeur ajoutée et des limitations liées aux prix d’exploitation.
Economiste de formation et homme d’affaires patenté, le Sénateur Michel Kanyimbu Shindany ayant la maîtrise du secteur minier, a fait savoir à la plénière de la chambre haute du parlement congolais que les principaux défis auxquels le pays fait face réside dans la faible redevance minière et le manque de valeur ajoutée sur l’exportation de ses minerais, en l’occurrence le cobalt. En effet, une grande partie du cobalt extrait en RDC est exportée sous forme d’oxydes de cobalt, a-t-il fait savoir. Autrement dit, c’est une forme de matière première dont la RDC ne tire qu’une faible part des profits, a ajouté l’ancien rapporteur du Sénat
A en croire les statistiques de production de 2023, la production mondiale de cobalt a atteint 230 000 tonnes, a-t-il indiqué. La RDC a contribué à hauteur de plus de 70%. Le hic, ce que le gros de la production du cobalt congolais est vendu sous forme brute à des entreprises étrangères, notamment les entreprises chinoises, sans valorisation industrielle significative sur place.
Selon toujours lui, si le gouvernement congolais décide de limiter les exportations de cobalt à 80 000 tonnes des prévisions actuelles par an, cela pourrait permettre de tripler le prix de la matière sur le marché mondial. Ce qui aurait des conséquences positives immédiates sur les recettes fiscales du pays, avec une estimation des revenus qui pourrait atteindre 1 milliard de dollars. Il s’agit là des fonds supplémentaires qui pourraient être réinvestis dans des infrastructures essentielles, telles que des routes, des ponts et des projets agricoles, pour soutenir le développement tant de la province du Lualaba [pourvoyeuse] que de la RDC dans son ensemble.
Dans son intervention, l’honorable Michel Kanyimbu a signifié que l’avenir de la RDC dans l’exploitation des minerais, spécialement du cobalt dépend en grande partie des décisions stratégiques que devrait prendra le gouvernement. Pour y parvenir, Michel Kanyimbu propose comme stratégie de la part du gouvernement, l’adoption d’une politique minière plus restrictive, qui valorise la production sur place et limite les exportations brutes. Cela pourrait permettre au pays de conserver une plus grande part de la valeur ajoutée générée par l’industrie minière. Donc, il est impératif pour le gouvernement de prendre des mesures courageuses de gestion de ces ressources de manière durable afin de maximiser des bénéfices économiques considérables, a indiqué l’élu de Kolwezi.
Dans un langage clair et sans détour, Michel Kanyimbu a plaidé pour des actions concrète de développement à la base, notamment la construction et la réhabilitation des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, écoles, etc) dans sa chère province du Lualaba. A titre illustratif, il a cité le cas de la RN 39 [actuellement en état de délabrement total]. Cette route nationale qui part de Kolwezi à Dilolo pour déboucher par l’Angola nécessite une intervention urgente du gouvernement, a-t-il martelé. Il en est de même des routes reliant les différents territoires ainsi que celles de desserte agricole. Il a en outre signifié à la plénière que le Lualaba, sa province voudrait muer des mines vers l’agriculture. D’où la nécessité d’avoir des routes grâce aux fonds supplémentaires que pourrait générés cette décision courageuse avec comme conséquence l’augmentation des recettes fiscales.
L’occasion faisant le larron, Michel Kanyimbu a insisté sur une intervention rapidement du gouvernement sur la réhabilitation des routes. Car, le contraire pourrait être un obstacle majeur au développement économique de la province. Il a en outre fustigé en passant l’injustice du gouvernement quant à l’affectation des fonds issus de la renégociation du contrat de la SICOMINES.
Une explication aux contours clairs pour faire comprendre aux décideurs que le cobalt représente une opportunité immense pour la RDC. Toutefois, pour en tirer pleinement partie, le gouvernement doit réévaluer sa politique d’exportation et se concentrer sur la création de valeur ajoutée. Cette décision stratégique de limitation des exportations, devra permettre automatiquement d’investir dans l’industrie locale. Cela aura pour conséquence non seulement l’augmentation des recettes fiscales, mais aussi devra favoriser un développement économique durable pour le pays.
Joseph de l’enfant Jésus