La mort de Nathan Musonda Nembalemba, ancien Bourgmestre de la commune-mère de Lubumbashi, continue de secouer l’opinion. Agé de 37 ans, il est décédé le 26 avril dernier dans des circonstances jugées suspectes. Hier, samedi 4 mai, il a été inhumé à la nécropole Rivière des Anges de Kasangiri, après une cérémonie d’hommage sur l’esplanade du bâtiment du 30 Juin et une messe de suffrage à la paroisse Saint Paul.
Peu avant sa mort, un enregistrement audio bouleversant circulait : on y entend une voix attribuée à Nathan Musonda en pleurs, confus, s’interrogeant sur l’origine de son mal après un examen au scanneur où le mal a été découvert. Dans cet audio qui circule sur les réseaux sociaux et dont la copie est parvenue à notre rédaction, on sent un homme affaibli affirmant que cela remonte au 04 avril. La victime ne souvient plus avec qui il a bu ou mangé ce jour-là. Clamant son innocence dans sa maladie, il implore la grâce divine pour se tirer d’affaire. Un scénario tragique de plus qui vient s’ajouter à une série inquiétante de morts suspectes dans la ville de Lubumbashi.
Face à cette situation, l’élu de Sakania, Serge Khonde Chembo, n’a pas mâché ses mots. Profondément touché, il a déploré une faillite collective : « « Nous avons failli à notre devoir de protéger cet enfant, laissé par l’ancien gouverneur Kazembe », [lui aussi parti dans des conditions similaires] , a-t-il déploré. Pour lui, la répétition de ces drames prouve l’urgence d’une réaction communautaire forte.
Khonde interpelle les structures socioculturelles comme Kikoko, Sempya et la Fondation Katangaise, qu’il invite à se réveiller et à assumer leur rôle de rempart face à cette vague de morts tragiques. Il a même invoqué la « manne des ancêtres karangais » pour que cesse cette hémorragie de jeunes leaders.
Dans une société de plus en plus marquée par les rivalités internes, l’empoisonnement semble s’imposer comme une arme sournoise. Autrefois perçu comme un fléau lointain, ces pratiques gagnent désormais du terrain à Lubumbashi et dans le Katanga en général. Milieux politiques, entreprises, et même églises n’y échappent plus. Parfois, il ne s’agit ni de pouvoir politique, ni d’argent, mais pour des motifs aussi simples que la jalousie injustifiée.
La mort de Nathan Musonda Nembalemba, au-delà de la douleur qu’elle provoque, pose des questions graves sur le climat toxique qui gagne l’élite katangaise. Une alerte que la société ne peut plus ignorer.
Mutaka Yote