Le Gouverneur du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe vient de souffler sur ses 47 bougies en date du 14 mars 2023 dernier. Ce qui lui vaut des félicitations tout naturellement par ses proches, ses partisans et autres. Un évènement qui intervient au moment où les agents se plaignent de l’impaiement du mois de février pour la plupart et une partie, et même le mois de janvier pour d’autres.
Fêter un anniversaire n’est pas mauvais. Il devient cynique lorsqu’on sait qu’on est redevable. C’est la grogne masquée des agents de l’administration provinciale qui sont jusque-là impayés pour le mois de février 2023. Les indicateurs sociaux seraient au rouge pour ce personnel complètement étouffé.
D’aucuns se demandent où va l’argent que mobilise la province ? Les salaires des agents ne s’améliorent toujours pas – les mois de février 2023, renseignent les sources, les ministres ainsi que leurs collaborateurs avaient touché leur dû en deux tranches. Les autres collaborateurs politiques comme administratifs attendent encore. Les sources indiquent que la paie se fait d’une manière sélective au point où les uns sont en avance et d’autres accusent un retard.
C’est dans ce contexte de mépris de la dignité humaine que Jacques Kyabula, sourire narquois, se vante d’être l’élève modèle du régime. Personne ne peut rien lui faire surtout en province, assure un proche du Gouv. Cela parait certain, voire évident quand on voit plusieurs actes non réprimés par l’assemblée provinciale. Des cas tangibles en font foi, tels que la dilapidation de l’argent pour la pelouse du stade Kibasa ou le recommencement du siège de l’Assemblée provinciale. On comprend vite que le gars a un pouvoir exorbitant au-delà même de la représentation provinciale. D’ailleurs, même les élus provinciaux eux aussi broient du noir comme des vulgaires citoyens. Des députés qui ont osé interpeler certains ‘’ministres chouchous’’, se sont vus remonter les bretelles. On les a obligé, pince-sans-rire, de taire ces dossiers aussi sensibles que controversés. Que dire alors des simples agents des directions ou des ministères ? Un système de terreur s’est solidement installé dans l’administration du gouvernement provincial et aucune marge de liberté n’est permise pour revendiquer, à en croire plusieurs témoignages.
La question que tout le monde se pose est celle de savoir où va l’argent mobilisé ? Officiellement, on prétexte « l’EFFORT DE GUERRE ». Cependant, aucun mécanisme n’est mis en place tant pour les modalités de contribution par province, tant pour le contrôle. Une pure affabulation pour endormir les esprits faibles. Comment comprendre que seule la province du Haut-Katanga sur les 26 devrait être concernée par cette opération ? Même les députés provinciaux n’en savent rien.
A la démarche de vouloir en savoir plus sur cette question, ni le Chef de l’exécutif provincial lui-même, ni son argentier ne savent plus s’ouvrir aux médias. Voilà qui porte à croire que la gabegie est bien réelle. Les fonds mobilisés prennent une autre direction que celle clamée. Une certaine opinion avertie pense que les fonds de la province servent à l’engraissement de ses protecteurs à Kinshasa. Ce n’est plus un secret, car on a vu certains apparatchiks du régime défiler à Lubumbashi sans motif valable. Aujourd’hui, ils sont cités parmi les millionnaires de la république même sans emploi officiellement. On parle péjorativement des parapluies constitués de compradore dans le sérail du pouvoir à la présidence, au parlement ou encore au parti politique au pouvoir.
Une autre orientation des fonds, ce sont les poches privées dans un contexte de non-contrôle. Le ‘’gérant’’ de la province et son pré-carré capitalisent pour se faire une santé financière robuste face à un lendemain incertain. Ils sont des champions en investissement dans l’immobilier. Dans un océan de misère, c’est eux qui détiennent des immeubles imposants [achetés ou construits] à des endroits stratégiques dans nos villes et ailleurs – ils sont des actionnaires ou propriétaires des entreprises. Pour tromper la vigilance de la majorité clochardisé et distraire les l’opinion, ils investissent un peu dans les loisirs et les activités ludiques à des fins purement propagandistes. Comprenne qui peut.
‘’Wa ndani’’, un sobriquet qui devient de plus en plus un motif d’énervement pour la majorité d’agents de l’administration provinciale. Hormis quelques faméliques citoyens mobilisés pour le besoin de la cause moyennant quelques billets de banques pour des ovations de maintenance.
La déception s’installe, car ‘’Wa ndani’’ s’est mué en un impitoyable dirigeant qui se croit déjà arriver, déclarent ses victimes. En jubilant son anniversaire avec champagne en face de centaines d’agents qui trainent derrière eux presque deux mois de galère due au non-paiement des salaires, le gouverneur du Haut-Katanga n’est pas loin de faire le Machiavel. Et dire que certains d’entre -eux attendent toujours la régularisation de leurs 6 mois soustraits lors de la Covid-19. Bonne fête papa Gouverneur Wabo Wa ndani.
Betunga Nkeka
