Un vent de jeunesse à la tête de Lubumbashi
Récemment nommé, le nouveau maire de la capitale économique de la RDC, Patrick Kafwimbi Mumamba vient d’entrer officiellement en fonction ce mercredi 19 mars 2025, dans un contexte politique tendu et socio-économique particulièrement morose. À fleur d’âge, moins de 40 ans, ce juriste de formation et militant de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) incarne un souffle nouveau pour la gestion d’une ville à la croisée des chemins.
Jeune, percutant et réputé proche des populations, Patrick Kafwimbi ne débarque pas en terre inconnue. C’est un natif de Lubumbashi qui a la parfaite connaissance des défis qui minent la ville dont il a désormais la charge de conduire.
Des défis aussi lourds qu’urgents
Sa mission ? Réconcilier la ville avec son image d’antan : celle d’une métropole coquette, disciplinée et prospère, autrefois appelée la « petite Belgique » ou encore ‘’Lubumbashi Wantanshi’’.
Pour ce faire, Patrick Kafwimbi aura à faire face aux défis multiples.
Primo, à l’insécurité grandissante dans une ville où la criminalité urbaine gagne du terrain sur fond de crise politique et sociale avec des nouvelles mentalités due à l’explosion démographique. Maintenir la paix sociale à Lubumbashi relevera[JM1] i d’un véritable défi où le vivre-ensemble est un vœu.
Secundo, à l’insalubrité rampante. Un autre chantier qui porte des stigmates de l’exode massif dans une ville où l’emploi fait défaut et d’une urbanisation incontrôlée. Des avancées ont été amorcées par la précédente équipe, mais l’assainissement reste encore à l’état embryonnaire. Patrick a la responsabilité de redorer l’image de Lubumbashi, jadis modèle du « kizungu », ce raffinement urbain hérité de l’époque coloniale.
Tertio, à la problématique de la mobilité urbaine avec des embouteillages interminables qui suffoquent la ville. Les causes sont les routes pour la plupart dégradées, l’indiscipline des conducteurs, le laxisme des agents de la Police de Circulation Routière, sans oublier la présence incongrue des motards qui refont surface.
Sans oublier quarto, le phénomène des enfants en rupture familiale qui gangrène les rues comme un symbole du désordre ambiant. Déjà à équidistance entre l’hôtel de ville et le palais de justice, se trouve un important QG de ces enfants qu’on attribue à la rue. Une véritable bombe à retardement.
Un autre défi majeur, la présence des marchés pirates au centre-ville. C’est une source de survie de certains agents de l’ordre commis à la traque des contrevenants
Un parcours qui en dit long
Fils cadet d’une fratrie de 9 enfants issus de l’union de l’honorable Philémon Kafwimbi Mwelwa (un député provincial) et d’Elisabeth Mwanto Chanda, Patrick Kafwimbi comme tous ceux dont le signe du zodiaque est ‘’la vierge’’[né le 28 août], affiche une finesse d’intelligence et un sens de pragmatisme. Son parcours académique et professionnel reflète une solidité à ne point redouter. Licencié en droit de l’Université de Lubumbashi et détenteur d’un master en droit international de l’Université de Johannesburg, il a aussi forgé ses compétences en leadership à l’Université de Utah, aux États-Unis.
Politiquement, son engagement au sein de l’UDPS, qui remonte en 2011, le propulse jusqu’à la tête de la Ligue des Jeunes de ce parti à Lubumbashi.
Très vite, il s’illustre par un sens aigu de la gestion des affaires publiques. En 2012, il est nommé directeur de la division de l’urbanisme et habitat de la ville. Il affine sa connaissance des défis urbains. Patron d’une coopérative minière et administrateur de « Progrès Service ». Le choix de sa personne par la hiérarchie est judicieux. Car, il sait allier la maîtrise des questions économiques et les sensibilités sociales.
De nature calme, attentif et pondéré, le jeune maire de Lubumbashi incarne la modestie. Son sens perfectionniste fait de lui un homme attentionné au moindre détail de ce qu’il fait. Ce qui justifie sa perspicacité à mieux faire. Ses proches le reconnaissent comme un homme serviable et courtois dans ses relations.
L’heure d’une nouvelle ère ?
« Je suis un homme de terrain, et c’est par le terrain que je veux commencer », confie-t-il à son entourage. Pour Patrick Kafwimbi, son crédo est que la mairie ne soit pas un simple bâtiment administratif, mais un véritable quartier général du développement local. Le jeune maire promet d’insuffler une nouvelle dynamique, misant sur la proximité avec la population et l’entrepreneuriat des jeunes.
La tâche qui l’attend reste immense, mais son passage éclair à la direction du cabinet de l’ancien maire l’a rodé aux réalités de la gestion urbaine. Rendre Lubumbashi à ses habitants, restaurer l’autorité de l’État et réconcilier la ville avec son passé glorieux, tels sont les défis qui s’imposent.
À l’aube de ce nouveau mandat, les regards sont désormais braqués sur ce jeune maire à la trajectoire ascendante. Son succès ou son échec dessineront sans doute les contours de l’avenir politique de cette ville stratégique, véritable baromètre de la RDC.
[JM1]
