Le Haut-Katanga et le Lualaba secoués par de lettres discriminatoires d’embauche

Une tempête politico-judiciaire secoue les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba, à la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux de lettres jugées discriminatoires, prétendument signées par des institutions proches du pouvoir central. Au cœur de la controverse : des accusations de politique d’embauche sélective dans les entreprises minières du Katanga, en faveur des partisans de l’UDPS, le parti du président Félix Tshisekedi.

La Maison Civile du Chef de l’État est montée au créneau pour désamorcer l’affaire. Dans une lettre officielle référencée PR/MCCE/CMCCE/BMN/108/2025 datée du 31 mars 2025, elle a formellement nié être à l’origine de la lettre incriminée, datée du 3 mars, et qui instruisait de n’embaucher que les combattants de l’UDPS dans les entreprises minières dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba. La Maison Civile a sollicité l’ouverture d’une enquête judiciaire auprès des procureurs généraux près des cours d’appel du Haut-Katanga et du Lualaba, soulignant la gravité des faits et la nécessité d’en identifier les auteurs. Ces lettres sont reprises in extenso dans cette livraison pour que les lecteurs en jugent eux-mêmes de la véracité on non.

Une deuxième lettre qui vient d’envenimer la situation

Mais l’incendie ne s’arrête pas là. Un autre document, daté du 21 mars 2025, et cette fois signé par le très médiatique Secrétaire Général de l’UDPS, Augustin Kabuya Tshilumba, aggrave les soupçons. Dans cette lettre adressée au Directeur Général de l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance dans le secteur Privé (ARSP), il est suggéré d’exclure les entreprises katangaises de l’attribution de contrats publics. L’intervention du mouvement citoyen KUDIA TALALA, qui a publiquement dénoncé ces propos, montre l’indignation croissante dans la région. Il faut rappeler que les autorités de cette institution publique affichent une indifférence vis-à-vis de cette revendication, pourtant soulevée encore auparavant et qui a fait l’objet d’une théâtralisation au lieu de trouver des solutions idoines. 

Exacerbation de la tension au Katanga

Ce nouvel épisode vient s’ajouter à un ressentiment plus large dans l’ex-Katanga, où les accusations de marginalisation ne datent pas d’hier. De nombreux citoyens dénoncent une stigmatisation récurrente des swahiliphones, et plus particulièrement des Katangais. La perception d’une justice sélective et d’une répression politique ciblée vient renforcer l’impression d’un Katanga mis à l’écart.

Des figures politiques et militaires originaires de la région seraient aujourd’hui soit en exil, soit en déportation, soit encore emprisonnées sans jugement équitable, renseigne la réponse des acteurs de la société civile de l’espace Katanga aux évêques de la CENCO-ECC dans le cadre de leur démarche du Pacte pour la paix. Une situation que dénoncent régulièrement les mouvements citoyens et les leaders d’opinion locaux, qui pointent une gouvernance perçue comme partisane, où seuls les Katangais affiliés à la plateforme au pouvoir, l’Union Sacrée, jouiraient d’une certaine considération dans une certaine mesure.

Félix Tshisekedi appelé à jouer le juge juste

Au moment où des efforts à l’unité et à la cohésion nationale sont fournis face au risque de la fracture nationale, la sagesse voudrait que le président Félix Tshisekedi puisse réaffirmer son rôle de garant de l’unité et du bon fonctionnement des institutions. L’ouverture d’enquêtes indépendantes et transparentes est urgemment attendue comme une première étape vers la vérité. Mais au-delà des procédures judiciaires, c’est un geste politique fort en faveur de la réconciliation et de la justice équitable que réclame une partie de la population katangaise.

Des efforts antérieurs bien qu’insuffisants avaient déjà été entamés par les autorités de Kinshasa, mais sans impact réel faute d’une bonne méthodologie et suivi. On a plus assisté à des rencontres de complaisance teintées d’achat de conscience, d’intimidation et de parti pris. Conséquence : les causes réelles du problème n’étant toujours pas touchées, tout en dilapidant l’argent du trésor pour des frais de mission et autres tralala.

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