Haut-Katanga : Quand les agents survivent avec un salaire réduit !Des millions flambés pour le protocole présidentiel

Au moment où certains agents du gouvernorat du Haut-Katanga accusent quelques mois d’arriérés de salaire [on parle d’au-moins 2 mois pour certains services] et que l’ensemble du personnel se plaint à la fois du faible taux de paiement et de la perte de tous les avantages ayant conduit au rabattement de salaire à tous les niveaux, l’on renseigne des dépenses faramineuses engagées pour le dernier accueil du président de la République. Ce qui suscite la colère et l’indignation dans l’opinion publique.Entre silence des autorités et gestion opaque des fonds publics, le contraste est saisissant — et révoltant.

Dans le Haut-Katanga, les agents du gouvernorat broient du noir. Ils ne cachent pas leur désarroi. Depuis quelques mois, ils attendent désespérément le réajustement de leur salaire rabattu presque de moitié. En effet, pour pallier aux arriérés de plusieurs mois de salaire, le chef de l’exécutif provincial du Haut-Katanga avait décidé carrément de rabattre l’enveloppe salariale en soustrayant certaines rubriques liées au salaire, notamment la prime, la pécule congé, les frais de scolarisation, etc. Conséquence : le salaire s’est vu réduit de moitié quelle que soit la catégorie. On ne sait par quel principe administratif ou de finances publiques a agi l’employeur ? Le gouverneur Jacques Kyabula n’a jamais fourni d’explications, ni afficher le moindre signe de compassion face à la situation sociale de ses agents devenue insoutenable.

« On ne nous explique rien. C’est comme si on n’existait pas. Pourtant, les caisses ne sont pas vides quand il s’agit de recevoir des visiteurs de Kinshasa… », lâche [en Swahili] un agent en colère rencontré sous anonymat.

En plus, l’on s’étonne que le taux de dollars appliqué est de loin inférieur à celui du marché ou de la banque. C’est un taux de parité irréel qui existe depuis les 2 ou 3 dernières années au moment où le budget qui constitue la loi des finances change chaque année. Une autre catégorie est constituée d’agents accusant des mois d’arriérée de salaire. D’aucuns ne comprennent la cause de cette disparité pour des gens ayant un même employeur, une même caisse et la même administration.

Un million de dollars pour un séjour présidentiel éclair

Ironie du sort : alors que les fonctionnaires attendent leur dû ou l’amélioration de leurs conditions, on avance une faramineuse somme d’un million de dollars qui aurait été libéré pour organiser le dernier séjour du président de la République, Félix Tshisekedi, à Lubumbashi, du17 au 19 avril dernier. Un passage éclair de 48 heures, mais qui aurait coûté les yeux de la tête aux finances de la province. Quel gâchis ! Il s’agit des dépenses pour plaire à l’autorité morale, même sans son vouloir. Vrai ou faux ? La vérité, elle, est têtue ! Ce que tout le monde a vu, c’est notamment des travaux d’aménagement effectués nuitamment sous le financement exprès de la province, les enveloppes pour la mobilisation des masses remises aux partis politiques membres de l’union sacrée et aux associations diverses, pour ne citer que cela.

Selon plusieurs sources concordantes, l’hébergement, la restauration et la mobilité des membres du gouvernement, des conseillers, de la suite présidentielle et même de l’imposante délégation de l’Expo Béton 9, auraient été pris en charge intégralement par la province. Sans oublier les traditionnelles “enveloppes de courtoisie”, distribuées en pareille circonstance. Tout cela dans l’argent du contribuable dont les agents du gouvernorat.

« Pendant que les agents dorment sans pain, des dizaines d’officiels mangent aux frais de la province, dans des hôtels 4 étoiles, avec per diem et véhicules à disposition…, s’indigne un membre de la société civile.

Sous un autre chapitre, les anciens collaborateurs tant du cabinet du gouverneur que des ministères provinciaux attendent encore désespérément leurs indemnités de sortie. Un dossier qui n’est pas d’actualité dans l’esprit de celui que l’on adule par ses supporters ‘’Wa ndani’’. Le gouverneur Jacques Kyabula, loin d’être préoccupé, affiche une attitude stoïque et impassible, insensible à la souffrance des autres. Une situation cynique qui n’épargne même pas ceux qui chantaient hier sa gloire en portant son effigie sur des vestes. Comprenne qui peut !

« Il se comporte comme un baobab face aux vents alizés », commente ironiquement un observateur politique. « Il n’a cure des cris de détresse, préoccupé uniquement par l’expansion de son empire immobilier et de ses affaires personnelles. »

Un gouverneur intouchable ?

Adossé à son image de “meilleur élève” de l’union sacrée, Jacques Kyabula semble se contenter de quelques projets de façade, vite inaugurés sans les terminer, vite oubliés, pour flatter la présidence. Et Félix Tshisekedi, aveuglé par ce jeu de fanatisme opportuniste, continue à lui accorder sa confiance, malgré le ras-le-bol général au sein de la population haut-katangaise.

« Le président se laisse berner par des baptêmes symboliques, des fresques repeintes à la va-vite, des routes sablées, pendant que les vrais problèmes sociaux sont ignorés. Maintenant nous allons dénoncer tout ce que l’on connait », promet un agent qui a l’air frustré, mais qui semble détenir des informations graves.

Un silence complice à l’Assemblée provinciale

Face à cette situation dramatique, l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, censée jouer le rôle de contre-pouvoir et d’autorité budgétaire, reste étrangement silencieuse. Aucun débat public, aucun rapport d’évaluation, aucune motion. Un mutisme complice, dénoncent plusieurs voix de la société civile.

« Ils ont troqué leur rôle de contrôle contre des faveurs politiques. Pendant ce temps, le peuple qui les a élus souffre et l’argent disparaît. », marmonne-t-on.

Jusqu’à quand ?

La colère monte, et l’écart entre le pouvoir provincial et les réalités du terrain devient de plus en plus béant. La question reste posée : jusqu’à quand cette gouvernance sans âme et sans humanité pourrait-elle se maintenir sans implosion sociale ?

G. Wakunonda

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