Le dossier de la construction de la nouvelle aérogare de l’aéroport international de Luano, à Lubumbashi, agite l’opinion congolaise depuis les révélations explosives du journaliste kinois Israël Mutombo. Dans une sortie médiatique fracassante, ce dernier affirme que les autorités du Haut-Katanga, en l’occurrence le gouverneur, Jacques Kyabula, aurait induit en erreur le président Félix Tshisekedi en l’invitant à poser la première pierre d’un projet qui, en réalité, ne serait pas formellement conclu sur papier selon la procédure en vigueur.
Selon Israël Mutombo, aucun accord officiel n’a été signé entre les parties concernées, et pourtant le chef de l’État s’est prêté à la cérémonie hautement symbolique du lancement des travaux. Ce projet, estimé à hauteur de 200 millions de dollars américains, vise à doter la capitale du cuivre d’une infrastructure aéroportuaire moderne, mais le flou persistant autour de sa matérialisation inquiète.
Un autre point soulevé dans les révélations du journaliste Israël est le lien supposé entre M. Selim Bora, président du conseil d’administration de ladite entreprise [turque] SUMMA, adjudicataire du projet, et le président rwandais Paul Kagame, soupçonné de détenir des parts dans ladite entreprise. Cette proximité soulève des questions géopolitiques dans un contexte régional tendu.
A ce jour, ni les autorités provinciales ni le gouvernement central n’ont apporté de démenti ou de clarification. Le silence de l’entreprise SUMMA, au cœur de la controverse, alimente davantage les soupçons d’une maffia qui sent la trahison, si cela s’avèrerait vérifier. Pendant ce temps, certains médias proches de l’exécutif en province s’emploient maladroitement à discréditer Israël Mutombo, sans pour autant apporter de preuves contraires à ses affirmations.
Si les faits avancés s’avèrent fondés, cela révélerait un sérieux manquement dans la gouvernance publique. Malheureusement, le régime a habitué son peuple à avaler des monstruosités de ses ‘’meilleurs’’ élèves.
La question qui intrigue le bon sens est celle de savoir comment un projet aussi structurant pourrait-il être lancé sans préalablement que le Chef de l’Etat n’en soit saisi de tenants et des aboutissants ? L’on peut également se demander de l’implication formelle du ministère central des Infrastructures ?
Face à cette crise de confiance, Jacques Kyabula et sa cellule de communication ont le devoir de dissiper les zones d’ombre. Un point de presse clair et documenté s’impose pour restaurer la crédibilité des institutions, au lieu de verser dans la polémique au désavantage de la République. L’on se souviendra l’inauguration officielle du siège de l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga à Lubumbashi avant même sa réception. Ce qui a obligé l’entrepreneur à continuer certains travaux de finition.
G. Wakunonda