Le président national de l’ANAFEK, Laurence Kyungu Kibwe, a remis les pendules à l’heure ce jeudi 16 octobre à Lubumbashi, après la récente sortie médiatique du gouverneur suspendu du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe.
Le torchon brûle au sein de la sphère politique katangaise. Après la sortie médiatique à dessein, déconcertante et abracadabrante de Jacques Kyabula, suspendu de ses fonctions de gouverneur, c’est au tour de Lawrence Kyungu Kibwe, dit Lolo, président national de l’Alliance nationale des fédéralistes kyunguistes (ANAFEK), de monter au créneau de le recadrer.
Au cours d’un point de presse tenu au siège de son parti, le fils du feu pachyderme katangais, semblable à son feu père en gestuel comme en rhétorique, n’a pas mâché ses mots à l’égard de celui qu’il accuse de “pleurnicher inutilement” au lieu d’assumer ses responsabilités.
« Jacques Kyabula a manqué une belle occasion de se taire. Ou mieux, de corriger ses bourdes », a lancé sans détour Lolo Kyungu, visiblement agacé par ce qu’il qualifie de propos “trop individualistes et plaintifs”.
Pour le président de l’ANAFEK, la sortie de Jacques Kyabula est un ‘’coup’’ réussi, intervenue presque en simultané avec la rencontre de l’opposition à Nairobi, n’est pas un fait du hasard et serait une manœuvre de diversion destinée à détourner l’attention du public de l’événement majeur pour le pays : le Forum économique RDC-USA. « Pendant que le Chef de l’État s’emploie à renforcer la coopération bilatérale pour l’intérêt national, certains préfèrent s’enfermer dans des querelles stériles pour leur repositionnement », a-t-il ajouté. Etant donné que l’ANAFEK se veut être parti avant-gardiste au sein de l’Union sacrée de la nation, elle ne pouvait pas se taire face à ce qu’il qualifie des ‘’aboiements des chiens enragés’’. Autant, l’ANAFEK était le premier parti de la majorité à prendre l’initiative de décrier les propos malséants du meeting d’août 2025 devant le bâtiment du 30 juin à Lubumbashi.
L’ANAFEK et son président s’étonnent d’entendre de Jacques Kyabula dire avec nonchalance que : « les images de son meeting étaient coupées, extirpées ». Et l’orateur de s’interroger : « qui est celui qui a extirpé ces images ? » Il en est de même de l’affirmation selon laquelle il paie le pot cassé, l’ANAFEK se demande : « qui le fait payer ? Et pour quelle action posée ? » Pourtant, les bras du Chef de l’Etat sont grandement ouverts à tous et l’entrée est gratuite et sans condition, a-t-il souligné. « Le contraire ne relève que de la supercherie », a déclaré Lolo Kyungu.
Un appel à la retenue et au réalisme
Lolo Kyungu a par ailleurs salué “le sens d’ouverture du président Félix Tshisekedi”, soulignant que ce dernier ne conditionne pas sa collaboration avec les Katangais à un quelconque canal politique : « le seul chemin qui mène tout Congolais sans distinction à soutenir la vision du chef de l’Etat, s’appelle Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui a son pouvoir discrectionnel. Et les canaux qui y mènent sont pluriel, nombreux », a-t-il souligné et insisté. Il est clair et net que personne ne peut se prévaloir le monopole d’être le canal qui mène vers le Chef de l’Etat, a martelé Lolo Kyungu
Évoquant la brouille entre Jacques Kyabula et Dany Banza, Lolo a usé d’une métaphore saisissante pour qualifier cette sortie de Kyabula comme une « bataille des chiens enragés dans la cour du roi. Ça ne doit pas nous intéresser. » Selon toujours lui, l’interface dont fait allusion Jacques Kyabula n’avait rien d’officiel. « il ne nous appartient pas nous à faire le bilan de ce que nous ne savons pas », a-t-il minimisé.
Le président de l’ANAFEK fustige l’attitude d’un Kyabula qu’il juge “victime de sa propre turpitude” et qu’il exhorte à “cesser de manipuler l’opinion publique sans raison aucune”.
Parlant toujours avec des boutades, il a « Il n’y a ni jugement, ni condamnation, encore moins arrestation. Il s’agit d’une simple invitation pour consultation par sa hiérarchie. Cela prendra le temps que ça prendra, mais il n’est pas question d’en faire un drame politique », a-t-il conclu.
Lawrence Kyungu Kibwe a voulu, à travers cette mise au point, rappeler à Jacques Kyabula qu’« aucun homme politique n’est indispensable ou spécial » et que « le moment est venu pour lui d’assumer ses actes et propos plutôt que d’accuser les autres ». Fouillant un peu l’histoire politique, il a pris l’exemple de 13 parlementaires comme modèle politique à suivre pour un engagement et de combat politique assumé sans en faire des autres des boucs émissaires.
Il a rappelé que le mieux à faire pour un bon dirigeant politique est de faire de la real politik. Penser plus aux besoins de la population qu’à soi-même, a-t-il fustigé l’attitude de Jacques Kyabula qui a consacré près d’une heure à nager dans les caniveaux en lieu et place de la population.
Lawrence Kyungu ne s’est pas empêché de faire quelques incises pour dénoncer la mauvaise gestion de Jacques Kyabula illustrée par des cas des gros détournements avec des preuves, doublé d’un esprit népotiste. L’on pourra y revenir avec moindres détails dans une interview élaborée.
Propos recueillis par Jeef Mwingamb