L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, a annoncé son retour imminent à ’’Kinshasa’’. Ce retour, du moins dubitatif pour les uns et étonnant pour d’autres, serait prévu pour la fin du mois d’octobre. Dans une interview exclusive accordée à Standard Media Group au Kenya, le lundi 20 octobre, il a tenu à lever toute ambiguïté : il n’a jamais été en exil, et son retour n’a rien d’un défi politique.
« Je n’ai jamais été en exil. Personne ne m’a poussé à quitter mon pays. Le Congo est la terre de mes ancêtres, ma raison même de vivre, et personne ne peut m’empêcher de m’y rendre. J’étais à Goma, à Bukavu, et maintenant j’envisage d’aller à Kinshasa à la fin de ce mois », a-t-il déclaré d’un ton calme mais ferme.
Cette annonce, qui tombe dans un climat politique déjà chargé, résonne comme un signal fort dans l’opinion nationale. Elle soulève aussi tant des supputations que d’interrogations dans l’opinion. Ce possible retour pose des enjeux politiques et symboliques importants, indique Caleb Ngoma, un analyste. Est-ce pour venir affronter les procédures judiciaires, s’interroge-t-il encore ? Car, du même analyste : « le contexte politique rend improbable un retour neutre et sans conséquences : les autorités disposent d’outils judiciaires et administratifs susceptibles de bloquer, disqualifier ou neutraliser un retour ».
Pour ses partisans dont Aubin Minaku : « Joseph Kabila reviendra le jour où il le voudra, parce qu’il est Congolais ». L’ancien speaker de l’assemblée nationale n’a pas confirmé le lieu par où le Rais pourra rentrer : « il peut rentrer au pays où il le veut ». A la question sur l’agenda du président honoraire de la RDC, l’opposant le résume en ceci : « C’est la passion et l’amour du Congo ».
Depuis son retrait du pouvoir en 2019, Joseph Kabila s’était fait rare, entre résidences de ferme et apparitions sporadiques dans l’Est du pays. Son retour dans la capitale pourrait redistribuer les cartes d’un échiquier politique encore marqué par les fractures du passé et les ambitions du présent.
Cette annonce de son retour, n’est-il pas un ballon d’essai qu’une décision réelle ? Seul l’avenir nous en dira plus. Kinshasa s’agite déjà, mais avec prudence. Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya répondant à Africa Radio, il évoque une probable arrestation. Une réponse prudente, mais qui ne cache pas l’intention ou du moins la décision ferme du gouvernement. Car, selon toujours lui : « Du point de vue judiciaire, il a été condamné et je crois que des conséquences pourront être tirées dans l’hypothèse où il revenait au pays ». [Pourtant, Joseph Kabila est toujours au pays. On l’a vu à Goma et à Bukavu, NDLR].
Mais dans l’entretemps, on signale l’arrestation ou l’interpellation dans la nuit du mardi 22 octobre 2025 du Général de brigade Ngoy wa Kabila Jonh, l’ancien officier d’ordonnance de Joseph Kabila qui s’est rallié à Félix Tshisekedi. Ce dernier l’avait même nommé Avocat général près la Haute Cour militaire. Le motif de cette arrestation ainsi que les circonstances ne sont pas bien connus, selon Rfi. Plusieurs analystes font un rapprochement supposé entre l’infortuné général et la projection de l’arrivée de l’ancien Président de la République.
A la question sur sa condamnation à mort prononcée par contumace, l’ancien chef de l’État s’est voulu philosophe et fraternel : « Même ceux qui ont prononcé cette condamnation savent que nous devons sauver le Congo. Ces juges sont mes frères. Ils m’ont confié qu’ils n’avaient pas d’autre choix face à la pression des tyrans. Je ne suis pas condamné au Congo, je suis condamné dans le royaume des badauds, et cela ne m’ébranle pas. Il est temps de sauver le Congo, et personne ne va arrêter les patriotes déterminés. »
Entre message patriotique et avertissement voilé, Joseph Kabila trace ainsi les lignes d’un possible retour sur la scène politique, sous le signe du devoir national.
Reste à savoir comment le pouvoir en place accueillera cet ancien président, que certains considèrent comme un acteur incontournable de la stabilité, et d’autres comme une ombre persistante du passé.
Déjà du côté du Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD), on sent une sorte de mobilisation en catimini. Des vidéos circulant sur la toile montrent une réunion de salon par des grands ténors de ce parti politique à Kinshasa.
Plusieurs questions taraudent les esprits : Joseph Kabila viendra-t-il ouvertement avec tambour battant ou incognito ?
Jeef Mwingamb