La séquestration injustifiée de 2 bus de la compagnie de transport appartenant aux sujets tanzaniens, CLASSIC COACH était révélatrice de la manière dont la brigade antifraude travaille dans le Haut-Katanga. Le ministre provincial de l’Intérieur, Eric Muta Ndala aurait été même induit en erreur par avidité de ladite brigade avant qu’il puisse s’en tirer d’affaire. Par le mauvais rapport reçu, le patron de la sécurité va déclarer urbi et orbi que : « la compagnie CLASSIC COACH travaille de connivence avec les criminels (…) en transportant les cathodes, câbles de cuivre sectionnés » [Référence à la vidéo qui a circulé sur la toile relative à l’interception par la Brigade Anti-fraude du Haut-Katanga (BRAF) d’un bus de CLASSIC COACH et un autre pris dans le parking pour raison d’enquête]. Aucun résultat de l’enquête n’a été rendu public alors que les bus ont été libérés sans tambour ni trompette.
Les « petits de confiance » du Gouverneur Wa Ndani en font de trop. C’est la phrase magique sortie des coulisses du 2ème niveau du bâtiment Granat où sont logés les bureaux de la Brigade Anti-fraude (BRAF). L’interception du bus de CLASSIC COACH [de marque YUTON, immatriculé 0060 AS05] au poste de péage de Kimbeimbe le 25 mars 2023, suivi de la séquestration illégale d’un deuxième bus [immatriculé1492AB05] en parking au terminal, le 19 avril 2023 sont les faits à la base de la grogne ayant déclenché notre curiosité.
La Brigade Antifraude du Haut-Katanga avait arrêté un bus de CLASSIC COACH en provenance de Kolwezi au motif selon lequel ce bus transportait des produits minéraux interdits. Sans en brandir la preuve, ledit bus sera acheminé sans coup férir à la fourrière dans l’enceinte de la direction de l’Office des Routes. Un procès-verbal sera même établi par un Officier de la Police Judiciaire (OPJ) sans pour autant entendre qui que ce soit.
D’erreur en erreur, le ministre provincial de l’Intérieur et Sécurité, Eric Muta Ndala sera mis en branle. Ce dernier fera une déclaration pour entamer la crédibilité de la compagnie en question. « Aujourd’hui nous venons de réaliser que CLASSIC COACH est de connivence avec les bandits, les criminels et les voleurs des minerais (…) CLASSIC COACH a désorienté sa mission. Au lieu de transporter la paisible population et ses biens, il s’avère à transporter les minerais volés, cathodes de cuivre et câbles sectionnés », a-t-il dit.
Les investigations montrent clairement qu’il y a eu mauvaise foi de la part de la Brigade Antifraude pour avoir induit en erreur le ministre au point de l’amener à saisir un deuxième bus non concerné pourtant aligné pour l’exploitation du jour. L’évidence est que le besoin mercantiliste a pris le devant en faisant du chantage à un investisseur de longue date.
Après moult démarches par la direction de la compagnie incriminée, a indiqué nos sources, certains responsables de la BRAF vont exiger de l’argent sans aucune référence ni à la nomenclature en vigueur, ni au barème des sanctions. Un certain Henock qui serait un Chef de Division va exiger une somme de USD 500 en vue de modifier le PV, en attendant le paiement d’une amende de USD 10.000 auprès du Directeur de la BRAF, renseignent nos sources. Chose qui va irriter les responsables de la compagnie qui ont carrément rejeté ce marchandage.
Estimant n’avoir commis aucun forfait pour mériter ce chantage. Face à ce harcèlement, le Procureur de la République sera saisi. Il va adresser une réquisition au service concerné afin de transférer le dossier à la justice. Contre toute attente, un refus catégorique sera opposé à ladite réquisition, avions appris.
Dans l’entretemps, le Consul de la Tanzanie basé à Lubumbashi est entré en danse en effectuant des visites au ministère de l’Intérieur pour en savoir plus d’autant plus CLASSIC COACH est une entreprise appartenant aux sujets tanzaniens. Ces unités de production ont été immobilisées pendants presqu’un mois avant d’être libérées presqu’en catimini. Certainement moyennant le paiement des espèces sonnantes et trébuchantes, mais à la hauteur initialement voulue par la cupidité administrative de la BRAF.
Pourtant, la province du Lualaba où est parti l’étincelle, le dossier n’a pas fait long feu. Il s’est éteint en un laps de temps. Car, le passager embarqué au niveau de Fungurume et intercepté à la barrière de TFM n’en avait pas fait un cas grave. Le service attitré avait estimé négligeable la quantité de malachite transportés dans un sac à main communément appelé ‘’taux du jour’’.
Après le passage du bus de CLASSIC COACH, le quidam était relâché si tôt, renseignent les mêmes sources. La controverse de l’affaire a poussé notre rédaction à obtenir un autre son de cloche de la part de la Brigade Antifraude. Chose qui n’a pas été facile. M. Philippe KIBAWA, Directeur de la Brigade Antifraude avait estimé que l’on traite avec sa collaboratrice qui a en charge la communication, la nommée Mélissa KALASA.
Cette dernière avait reçu notre délégué après un rendez-vous forcé le lundi, 24 avril 2023 à 12 heures 30 dans la salle d’attente [avec 30 minutes de retard de sa part, Ndlr]. En tout et pour tout, sa réponse se limite à cette phrase : « le dossier est déjà clos à notre niveau. Il se trouve dans les mains de la hiérarchie ». C’est dans cette ambiance regrettable que nos institutions sont gérées pour la plupart. Il sied aussi de signaler que, c’est après report de l’édition à sa demande. Voilà dans quel climat travaille une structure aussi importante comme la brigade antifraude. La préoccupation principale pour chacun, c’est de gagner beaucoup d’argent pour soi – construire rapidement une maison et frimer avec une belle jeep. Il s’agit d’un véritable panier à crabes où le clientélisme demeure le seul critère de recrutement. Nous y reviendrons avec d’autres révélations rocambolesques de fonctionnement.
G. Wakunonda
